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Les Palmes de M. Schutz au Théâtre Michel, par Jean-Noël Fenwick

Palmes

La pièce Les Palmes de M. Schutz, créée en 1989 au Théâtre des Mathurins et écrite par Jean-Noël Fenwick, revient cette année quelques mètres plus loin, au Théâtre Michel, après avoir été primée, dans les années 1990, de 4 Molières.

1895 : Rodolphe Schutz (Daniel Hanssens), directeur de l’école supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, rêve de recevoir les Palmes Académiques. Présomptueux, arriviste et précocement aigri, l’homme est prêt à tout pour obtenir son précieux sésame. Dans un des laboratoires de l’école, deux professeurs et chercheurs, qui ne sont autres que Pierre Curie (Benjamin Egner) et son ami et complice Gustave Bémont (Guillaume Bouchède), subissent la pression de leur ventripotent directeur, qui n’hésite pas à leur couper le charbon en plein hiver pour stimuler leur inventivité. Persuadé que les deux compères ne réussiront pas à lui faire décrocher la désirée palme, M. Schutz recrute la jeune polonaise Marie Sklodowska (Constance Carrelet), future femme de Pierre Curie, pour travailler avec eux. On connaît ensuite l’histoire, la découverte de la radioactivité de l’uranium et surtout du radium.

Crédit photo : Franck Harscouët

C’est avec beaucoup d’audace et de créativité que Jean-Noël Fenwick parvient à faire d’un sujet purement scientifique une mise en scène véritablement intelligente et intelligible. L’auteur assure d’ailleurs n’être ni un spécialiste de Physique-Chimie ni d’Histoire des sciences, mais un simple lecteur frénétique d’ouvrages sur ces sujets. Fasciné par l’histoire du couple Curie, par leur amour comme par leur passion légendaire pour les sciences, Jean-Noël Fenwick ne tombe pas dans la comédie romantique et dévoile une pièce d’un équilibre parfait entre l’eau de rose et l’eau de chaux (sous-entendu : entre l’histoire d’amour et l’histoire des sciences). Même si la plupart des anecdotes et péripéties racontées sont totalement inventées, Fenwick réécrit l’histoire du célèbre couple du Panthéon avec énormément d’humour. L’auteur se déclare par ailleurs «  choqué de constater que nous conservions de ces deux amoureux de la vie une histoire plutôt triste, celle de morts-vivants austères et ascétiques inventant la radioactivité dans l’atmosphère toxique et confinée d’un hangar à l’écart du monde ». D’où cette envie de montrer, au delà de la rigueur scientifique d’une histoire des éléments chimiques, une mésaventure romancée entre deux amants, collègues et amis, dans la conquête d’une découverte qui changera l’Histoire. 

Crédit photo : Franck Harscouët

Si d’aucuns pourraient croire que parler d’uranium et de radioactivité pendant deux heures peut être aussi barbant qu’un cours de physique quantique, cette pièce est bien la preuve du contraire. Au final, on retient un jeu d’acteurs absolument grandiose (avec Benjamin Egner, Daniel Hanssens, Constance Carrelet, Guillaume Bouchède, Valérie Vogt, Michel Crémadès) le tout condensé dans une seule et même pièce (dans les bonnes vieilles règles du théâtre classique) : un laboratoire d’époque, donc soyons honnêtes, quelque peu austère, agrémenté de divers matériaux et ustensiles dignes du camping-car de Walter White.

Accessible à tous, petits et grands, ados en crise et scientifiques confirmés, Les Palmes de M. Schutz est une pièce aussi populaire qu’intelligente et pétillante. Radioactive.

Informations pratiques
Les Palmes de M. Schutz
Théâtre Michel
38 rue des Mathurins (75008)
Jusqu’au 30 mars 2014

2 Commentaires

  1. […] La pièce Les Palmes de M. Schutz, créée en 1989 au Théâtre des Mathurins et écrite par Jean-Noël Fenwick, revient cette année  […]

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