Man Ray est connu pour son statut d’américain à Paris, peintre frustré et photographe inopiné. Tombé dedans comme par accident, il ne cessera d’innover en multipliant les procédés techniques pour transformer le papier écrit jusque là dominé par les dessins au crayon avec des clichés retravaillés par ses soins. Et quand la photo est prise par Man Ray, c’est la porte ouverte à la créativité la plus débridée. Rayographie, solarisation, recadrages, colorisations, les procédés apportent une touche unique à des photographies rentrées dans l’histoire, comme le montre très bien cette exposition au Musée du Luxembourg.
La photographie en majesté
Arrivé à Paris en 1921 sur les conseils de son ami Marcel Duchamp, Emmanuel Radnitsky cherche d’abord de quoi subsister. Et c’est par bonheur qu’il débute dans le portrait mondain alors que la ville lumière bruit d’une effervescence peu commune. Au fur et à mesure d’un succès grandissant, il glisse vers la photo de mode encore discrète dans le principal média de l’époque, la presse écrite. Vogue, Vanity Fair, Vu, Harper’s Bazar, tous se l’arrachent pendant deux décennies où il se fait remarquer par son art de la photo. Les plus grands modèles passent devant son appareil. Kiki de Montparnasse ou Lee Miller succèdent à Coco Chanel et Elsa Schiaparelli. L’exposition permet d’admirer des tirages originaux et des tirages contemporains de grand format, mais également des documents cinématographiques où la mode passe à un stade supérieur avec un soin particulier apporté à la coiffure et au maquillage. Man Ray n’est pas bridé par le noir et blanc en vigueur, il s’amuse au contraire des contraintes et en joue pour des partis pris esthétiques devenus des normes pour les générations suivantes. La liberté et l’humour servent de socle à des expérimentations parfois très surréalistes qui brouillent les frontières entre art et mode. L’exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et la Ville de Marseille est placée sous le patronage du Commissaire général Xavier Rey, directeur des musées de Marseille.
Cette exposition surréaliste est une occasion parfaite pour s’évader loin de l’atmosphère particulière héritée du confinement récent, dans des conditions de sécurité optimales -port du masque, distanciation sociale, gel hydroalcoolique – pour un plaisir en toute sécurité. Les œuvres de Man Ray s’étalent sur tous les murs pour des vrais chocs esthétiques qui en font un précurseur toujours autant d’actualité.