Mistral perdu ou les évènements, de 1970 à nos jours (JC Lattès)
Isabelle Monnin écrit un livre très poignant avec Mistral perdu. Elle relate l’histoire de deux sœurs qui s’entendent merveilleusement bien. Elles sont nées dans les années 70. L’auteur raconte aussi bien la vie de ces deux sœurs que les évènements marquants qui ont eu lieu dans le Monde depuis 1970. Des faits qui constituent notre Histoire.
Une amitié, fraternité sans faille
Tout au long du livre, elles sont deux. Deux filles. Deux sœurs, presque des jumelles. Elles partagent tout. Sont complémentaires dans beaucoup de domaines… Jusqu’au jour où… Le roman est écrit à la première personne. L’héroïne subit les évènements au temps présent et ensuite, avec le temps, elle y réagit. Comme si les vivre en direct paralysait le cerveau…
Puis, les évènements s’enchaînent. Des évènements cruels qui transforment une vie en cauchemar. Après, plus rien ne sera comme avant… Mais il faut continuer à vivre.
Les évènements s’imposent
Les mots sont choisis avec une telle exactitude qu’on se met à la place de cette jeune femme, dont on ne connaît même pas le prénom. Elle souffre. Elle se souvient de tout : les faits historiques du Monde, les élections de différents Présidents de la France, les déceptions de sa sœur et d’elle-même. Des chanteurs qui ont marqué leur jeunesse… A travers Mistral perdu, on revit toute une période reliée à ces années 70 et les suivantes…
La vie nous réserve bien des surprises qu’on ne pouvait pas imaginer enfant, ni ado… Et il faut faire avec… Qui décide de notre trajectoire de Vie ? Nous-mêmes ou les évènements qui surgissent à nous sans notre volonté ?
Mistral perdu nous renvoie une page d’histoire très récente qu’on ne peut oublier… Un livre marquant de cette rentrée littéraire…
Quelques extraits :
Nous sommes deux, le monde est hérissé de rêves et de tessons mais depuis que le 33 tours est entré dans nos vies, quelque chose a changé. C’est imperceptible et personne ne s’en rend compte, pourtant je le sais. P.42
Nous sommes deux, l’adolescence est notre sérieux, et le monde est colère. P.68
Nous sommes deux, nous sommes provisoires et le monde ne nous attendait pas. P.109
Je suis deux, je porte son bracelet à mon poignet et un jour, on ne sait pas pourquoi, le rire revient. P.139
Je suis nous, nous est seule et une chanson est passée à la radio. Une chanson est passée, j’ai pleuré et j’ai commencé à écrire ce texte. P.179
C’est une histoire politique, on croit qu’on appartient à un tout ; et puis on ne comprend plus rien.
C’est l’histoire du je et du nous, ces deux-là s’intimident, ils se cherchent, parfois ils se trouvent ; et puis ils se déchirent.
C’est l’histoire de valeurs, elles disent qui on est ; et puis elles se laissent bâillonner.
C’est l’histoire d’un chanteur préféré, tendre et rebelle ; et puis il finit par embrasser les flics.
C’est l’histoire d’un hier, où ne comptait que le futur ; et puis des aujourd’hui, malades du passé.
C’est l’histoire d’un monde qui se croyait fort et paisible ; et puis il réapprend la haine.
C’est l’histoire qui nous arrive ; et puis l’impression de ne plus y arriver.
C’est une nostalgie, sans doute, mais pas seulement : dans la mémoire de ce qui fut, demeurent peut-être les graines de ce qui renaîtra, après la catastrophe.