Le 7 juillet sort Moffie, un film d’Oliver Hermanus qui se déroule en Afrique du Sud en 1981 en plein apartheid à une époque où la minorité blanche est encore dominante sur le plan politique. Des mesures de conscription ont été prises pour que dès l’âge de 17 ans, les garçons blancs soient contraints à un service militaire obligatoire de 2 ans avec un passage obligatoire et contraignant à la frontière avec l’Angola, pays avec lequel l’Afrique du Sud est en guerre non officielle. De quoi poser un contexte étonnant mais vrai où le jeune héros va devoir apprendre composer avec un milieu militaire retors et homophobe.
Un film sur la douloureuse formation du corps et de l’esprit
Le jeune Nicholas quitte le cocon douillet de sa vie familiale pour un camp d’entraînement synonyme de vexations continuelles et de long purgatoire. Le spectateur suspecte très tôt l’homosexualité cachée de Nicholas qu’il tente de dissimuler au prix de sa liberté personnelle. Adapté d’après un roman autobiographique d’Andre Carl van der Merwe, Moffie est un récit initiatique autant qu’une expérience d’apprentissage douloureuse en territoire hostile. Tout en suivant le parcours d’un jeune homme pris en tenaille par ses semblables aux mœurs rudes et brutales, le film décrit également par le menu le racisme institutionnalisé qui croit devoir brimer la plus large partie de sa population de couleur pour survivre. Dés le début du film l’exemple d’un jeune embrigadé qui invective et humilie gratuitement un homme noir lors d’un arrêt en gare donne le ton du film. Aucun respect dans cette manière toute dictatoriale de traiter avec mépris un autre être humain jugé comme inférieur. Le racisme est une autre facette d’un pays psychosé où les différences sont violemment réprimées, la couleur de peau comme l’homosexualité. En langue afrikaner, moffie signifie tapette, de quoi donner le ton d’un film où les gays sont traités avec autant de brutalité que les noirs, même s’ils sont pourtant blancs. Internement psychiatrique et passage à tabac sont les châtiments obligatoires pour ceux qui osent s’affirmer face à la majorité d’habitants hostiles à cette engeance. L’ambiance du film est très éthérée, avec des éclairs de violence qui font froid dans le dos, voire frissonner. Ce pays si lointain et si proche à la fois semble un fantasme dépravé d’une humanité élevée dans la haine de l’autre et l’affirmation d’une virilité toute puissante, blanche de surcroit. Racisme et homophobie baignent le film d’une atmosphère angoissante, voire anxiogène, qu’on pourrait croire caricatural mais qui a vraiment existé.
Beauté et laideur se mélangent dans un film qui ne peut pas laisser indifférent avec ce parcours d’un jeune homme d’abord innocent obligé de se frotter à un monde rempli d’hostilité. Le film est à découvrir le 7 juillet en salles pour un retour vers le passé qui bouscule.
Synopsis: 1981, Nicholas a 16 ans, comme tous les jeunes blancs Sud-Africains de son âge, il doit accomplir son service militaire pendant deux ans. Durant cette période, le gouvernement sud-africain, blanc, raciste et ségrégationniste, mène une politique étrangère qui vise à combattre les communistes et die swart gevaar : « le danger noir ». Nicholas est envoyé sur le front au sud de l’Angola pour défendre le régime de l’apartheid. Il doit alors survivre tant aux horreurs de la guerre qu’à la brutalité de l’armée et de ses soldats.