Mon enfant, ma sœur, un roman d’Eric Fottorino (Gallimard)

Publik’Art avait été très touché par le livre très personnel d’Eric Fottorino, Dix-sept ans.
Cette fois-ci, avec Mon enfant, ma sœur, nous continuons l’exploration personnelle et familiale de l’auteur. Rien ne relève de la fiction. 

Et comme ce livre fut difficile à écrire, l’auteur explique qu’il n’a pu le faire autrement que de l’écrire sous forme de poème en prose. Et quel enchantement de le lire sous cette forme !

Dans ce roman, il part à la recherche de ce bébé qui a été arraché des bras de sa mère alors qu’elle venait juste d’accoucher, à vingt ans. Une petite fille. Sa grand-mère l’a obligée à l’abandonner. Elle fut alors confiée et adoptée, dans la clandestinité, à une institution religieuse bordelaise. Eric avait alors trois ans.

Eric parle à ce bébé, à cette petite fille qu’il n’aura pas vu grandir. A cette petite soeur qu’il ne connait pas. Il lui évoque ses nombreux souvenirs d’enfance. Les endroits qu’il a chéris. Les souvenirs de son enfance à lui. Les manques qu’il a eus par rapport à cette sœur absente. Il lui invente une vie, une enfance, un prénom. Un physique. Encore et encore. Il parle du désespoir de sa mère, chaque année le 10 janvier, jour de sa naissance, jour de son abandon. C’est tout simplement bouleversant. D’une immense sensibilité. D’une immense maturité. D’une immense humanité.
Mon enfant, ma sœur redonne une place à la mère de l’auteur. Par ce long poème à la recherche de l’amour fraternel, il offre une attention particulière à sa propre mère. Au centre du roman. La mère qu’il n’a pas eu l’impression d’avoir. La mère qu’il n’a jamais appelée Maman. La mère qu’il a considéré comme une sœur. La mère d’un autre enfant. La mère qui a souffert.

En partant à la recherche de sa sœur qui a soixante ans aujourd’hui, il tente de reconstruire tout un passé en le rendant moins douloureux. Un passé poétique. Un passé vivant. Un passé imaginaire.

Mon enfant, ma sœur est un roman d’une grande intimité. D’une infinie justesse. D’une grande beauté.

Si te retrouver est impossible
Ne rien dire serait accepter
Que tu n’as jamais existé
Absoudre les sœurs criminelles
Et l’ange complice
P100

Harissa es-tu
Une inconnue définitive
(mon impossible
Mon impensable)
P111

Je mélange le Maroc à la maison
La médina aux Chartrons
Le lointain des origines
Au banal de nos vies
Sel et vermicelle
Piments forts
Et harissa
P166

Acheter dans une librairie indépendante

Infos de l’éditeur :