Pablo, une série BD passionnante de Julie Aimant et Clément Oubrerie (Dargaud)
Pablo retrace l’éclosion du talent du grand Picasso depuis son arrivée dans la ville Lumière à l’orée du XXe siècle jusqu’à sa reconnaissance publique. Les 4 tomes parus suivent le fil de sa pensée et de ses découvertes picturales dans un foisonnement de bulles et de références historiques. Une BD qui se lit comme un roman et se déguste comme un livre d’art.
L’histoire de l’art rend incessamment hommage au génie visionnaire de Pablo Picasso. Du cubisme au modernisme en passant par le fauvisme et l’art moderne, ce touche à tout a défriché de nouveaux territoires artistiques et imposé sa stature dans l’esprit collectif. Aux côtés de Van Gogh ou Michel Ange, le nom de Picasso est devenu synonyme de précurseur génial. Mais qui était-il avant que d’être cette icône mythologique connue de tous ? Car avant de pouvoir affirmer qu’il dessinait comme Raphael à 12 ans et qu’une vie entière lui a permis d’apprendre à dessiner comme un enfant, Picasso a connu le dénuement et la précarité. A l’abri d’un atelier en friches dans le quartier de Montmartre, Pablo a connu les vaches maigres et les balbutiements d’une reconnaissance pas si naturelle que ça.
Les 4 tomes déjà parus de cette saga artistique voient Picasso côtoyer Max Jacob, Apollinnaire, Matisse et tous ceux qui ont fait l’art du XXe siècle. Georges Braques par ici, la collectionneuse Gertrude Stein par là, des noms devenus illustres constituent le quotidien d’un immigré espagnol rustre mais déterminé. Le dessinateur Clément Oubrerie lui accole d’éternels yeux grands ouverts sur le monde comme preuve de sa résolution et la scénariste Julie Birmant lui adjoint une héroïne féministe avant l’heure, Fernande, premier grand amour de sa vie. Ces deux là s’aiment et se haïssent, s’attirent et se repoussent. L’histoire d’amour devient un fil rouge des premières années parisiennes où les noms de rue raisonnent comme des endroits mythiques. La Butte Montmartre n’est qu’un terrain en friche où le Bateau Lavoir trône comme un navire échoué dans les potagers.
La plongée historique fascine tant des personnages devenus des mythes semblent réels et proches de nous. Les influences se croisent dans une esbroufe perpétuelle et énergisante. C’est un peu du Pablo secret qui est dévoilé ici. Son caractère de cochon, son jusque boutisme, sa volonté de fer et ce regard ouvert sur le monde. 4 tomes à dévorer pour mieux comprendre le personnage privé derrière l’image publique.
Tome 4 : Picasso est le quatrième et dernier tome de Pablo, la série que Julie Birmant et Clément Oubrerie consacrent au peintre avant qu’il ne soit reconnu comme un artiste majeur.
Ce 4e épisode de Pablo s’ouvre en mai 1907… La vie de bohême perdure au Bateau-Lavoir qui ne désemplit pas. Picasso peint frénétiquement, et Fernande qui s’ennuie adopte une petite Raymonde… qu’elle finit par ramener à l’orphelinat. Le peintre horrifié par la décision de sa compagne décide de la quitter. Cet été-là, il est un réprouvé. Son Bordel (aujourd’hui, Les Demoiselles d’Avignon) aux putains déformées fait horreur. Et pourtant, la situation va changer du tout au tout. Boxe, drogue, génie et humour corrosif entre vieux et nouveaux amis… Avec le touchant Douanier Rousseau, D.H Kahnweiler, jeune galeriste encore méconnu, ou avec Georges Braque, compagnon du futur, Picasso se construit. Bientôt, les deux derniers vont quitter Montmartre et leurs anciennes amours pour vivre le cubisme et l’avènement de l’art moderne.
Date de parution : entre 2012 et 2014
Scénariste(s) : Julie Aimant
Dessinateur(s) : Clément Oubrerie
Genre : Biopic
Editeur : Dargaud
Prix : 17,95 € (88 pages)
Acheter sur : Amazon l BDFugue