Partisans bouscule les idées reçues sur la résistance
Partisans place 3 résistants dans le contexte lourd et pesant de l’occupation du pays en 1943. Différents courants politiques sont obligés de s’entendre mais les inimités persistent. Les protagonistes évoquent leurs espoirs et leurs douleurs jusqu’à finalement se rapprocher. La pièce alterne entre intermèdes cocasses et rappels tragiques pour un moment de théâtre éclairant.
Régis Vlachos ravive par son texte une douloureuse page d’histoire de France et va bien au delà des évocations habituelles. Les résistants sont pourchassés mais doivent s’organiser pour définir un programme commun et affronter l’ennemi d’une seule voix. Mais les divergences les séparent.
Une éternelle difficulté à s’entendre
En 1943, ce sont communistes, socialistes et sympathisants de droite qui se jaugent et composent une résistance dispersée. Le pacte germano-soviétique a brouillé l’image du parti communiste, considéré comme bolchévique et peu fréquentable. Les socialistes ont leur leader Léon Blum en prison. Les sympathisants de droite trainent l’image peu glorieuse de bigots antisémites et représentants d’une bourgeoisie honnie par les 2 autres partis. Comment s’entendre quand les considérations politiques divisent plus qu’elles ne rapprochent?
Des acteurs au diapason de la portée de la pièce
Les 3 acteurs Lucie Jousse, Jean-Hugues Courtassol et Aurélien Gouas jouent adroitement sur cette ambiguité et le terreau infertile des inimitiés. Cependant, il y a face à eux un ennemi sans pitié qui emprisonne et torture: l’occupant allemand et sa Gestapo de sinistre réputation qui peuvent s’appuyer sur une police française par trop zélée. Ennemis de l’extérieur et de l’intérieur représentent cet ennemi commun à combattre, et si possible en s’unissant. Cabotinage et menaces laissent peu à peu place à une vérité nue: sans alliance entre les mouvements de la résistance, la victoire est impossible.
Un discours féministe jamais pesant
La pièce appuie très fort sur le contexte de l’époque sans jamais l’atténuer et sait évoquer des problématiques encore plus surprenantes. Comme la nécessité d’accorder le droit de vote à des femmes trop souvent mises à l’écart des décisions du pays. Sans tomber dans le féminisme caricatural, le personnage féminin illustre le chemin parcouru pour faire reconnaitre à 50% de la population adulte le droit de s’exprimer. La pièce joue comme un e loupe sur les français de 1943 pour une mise en parallèle avec les français d’aujourd’hui.
Une mise en abîme de la France de 2016
Par pointes mesurées mais souvent flagrantes, la pièce fait un parallèle subtil entre la France de 1943 et celle de 2016. En ouvrant le débat, elle incite à l’examen de conscience et à ne pas répéter les erreurs d’hier. La peur de l’autre, les réflexes protectionnistes, le jugement hâtif, tous ces réflexes sont évoqués et chaque spectateur peut les mettre en perspective avec la situation actuelle…
Partisans est une pièce ambitieuse, à la fois hommage à ces hommes et femmes qui se sont sacrifiés et réflexion de la lutte contre l’adversité. Avec un enseignement implacable. L’union fait souvent la force…
Dates : à partir du 19 septembre 2016, du lundi au mercredi à 19h30,
Lieu : Théâtre de la Contrescarpe (Paris)
Metteur en scène : François Boursier
Avec : Lucie Jousse, Jean-Hugues Courtassol, Aurélien Gouas