Plongée dans un esprit tourmenté avec la BD Phil, une vie de Philip K. Dick (Editions 21g)
Les aficionados de science-fiction et les cinéphiles avertis connaissent sur le bout des doigts les illustres films Blade Runner et Minority Report, ils savent également que leur auteur Philip K. Dick est à l’origine de certains des ouvrages de genre majeurs du XXe siècle. Mais connaissent-ils l’existence d’un auteur balloté entre démons personnels, divorces multiples et addictions notoires? La BD Phil, une vie de Philip K. Dick aux éditions 21g offre une plongée passionnante dans un esprit tourmenté qui a fondé une oeuvre pléthorique malgré les avanies et les obstacles, nonobstant une faiblesse originelle qui le fit voguer sur les eaux agitées de la paranoïa et de la dépression.
Un auteur américain
Né à Chicago en 1928 et mort en Californie en 1982, Philip K. Dick a traversé le XXe siècle au rythme effréné de ses romans, de ses nouvelles et de ses essais de science-fiction. Bien que récipiendaire de nombreux prix littéraires de son vivant, signe d’une large reconnaissance critique, tel le prix Hugo pour Le Maître du Haut Château, et le prix John Wood Campbell Memorial pour Coulez mes larmes, dit le policier, Philip K. Dick a passé la majorité de sa carrière dans une quasi-pauvreté et un état maladif de dépendance aux amphétamines. Auteur prolixe, il avait un besoin constant de stimulants pour écrire jours et nuits, ce qui exacerbait malheureusement sa paranoïa et générait des accès fréquents de dépression. L’auteur Laurent Queyssi ne cache rien de ces troubles en évitant soigneusement l’hagiographie pour se concentrer sur une narration la plus réaliste possible. Phil écrit, tombe amoureux, se déchire, puis réécrit, retombe amoureux, se rédéchire… Sans misérabilisme aucun, le portrait de Philip K. Dick montre surtout un homme instable et profondément ancré dans son fertile imaginaire. Les plaisirs au-delà de la littérature semblent minuscules comparé à une addiction à l’écriture qui le dévora tout au long de sa vie, jusqu’à mettre en danger sa santé physique autant que mentale. Les dessins réalistes de Mauro Marchesi accompagnent parfaitement ce parti pris naturaliste qui permet de côtoyer l’esprit fécond d’un des plus grands auteurs du XXe siècle.
La BD Phil, une vie de Philip K. Dick se lit avec un tel plaisir qu’elle donne surtout envie de se replonger dans l’oeuvre littéraire d’un auteur barré (c’est lui-même qui le disait) et visionnaire (personne n’en doute).
Philip K Dick (1928-1982) est un des auteurs de science-fiction les plus influents et novateurs du XXe siècle. Depuis les années 1980, son oeuvre, qui questionne la réalité et le principe d’humanité, a été adaptée maintes fois au cinéma et à la télévision et est enseignée dans les plus grandes universités du monde. Blade Runner, Total Recall, Ubik, Minority Report, A Scanner Darkly et les séries The Man in the High Castle ou Electric Dreams sont quelques-uns des univers sortis de son esprit fertile. Philip K Dick n’a pourtant vraiment connu le succès qu’après sa mort et son existence a plutôt rimé avec galères, dépressions, divorces en série et expériences mystiques…