La première nuit, un huis clos familial époustouflant (JC Lattès)
Ghislain Loustalot est grand reporter à Paris Match. La première nuit est son tout premier roman. Un coup d’essai ? Surtout un coup de maitre !
Trois générations qui s’ignorent
Ghislain Loustalot écrit un roman qui pourrait être aussi adapté au théâtre. Tout se passe au même endroit, et ne dure qu’une nuit. Et pourtant pas une seconde d’ennui !
L’auteur croit-il au hasard, aux coïncidences ? Toujours est-il que Milan, le héros de ce roman, va vivre une nuit quasi inimaginable. Il habite un petit appartement, et sa copine, qu’il aime, vient de le quitter. Il n’est pas en état de voir qui que ce soit. La seule chose qu’il voudrait : boire un coup pour oublier… Malchance, son fils Théo, débarque chez lui dans un sale état. Sa mère, l’ex-femme de Milan, vient de le mettre dehors avec toutes ses affaires. Sous prétexte qu’elle ne supportait plus son « bordel »… Deuxième coup de théâtre, avec un nouveau coup de sonnette. Et cette fois-ci, c’est le père de Milan qui se présente, Emilien, lui aussi avec un énorme sac ! Il demande juste l’hospitalité pour une nuit. Mais Milan n’en veut pas. Il n’aime pas cet homme, son père.
L’alcool, leur seul point commun
Au final, les trois générations se retrouvent sous le même toit, et sans aucun moyen d’y échapper. L’écriture de Ghislain Loustalot est d’une telle fluidité, d’une telle sincérité, que le lecteur est complètement absorbé par cette histoire de famille et sent à travers les différents dialogues que le drame est tout proche. Au fil des pages, la tension entre les uns et les autres montent. Le règlement de comptes semble inévitable et ça va faire mal…
Mais la subtilité du scénario nous entraîne beaucoup plus loin qu’un simple règlement de compte. Bien sûr Milan en veut à son père de ne jamais s’être occupé de lui, d’avoir été non seulement un père absent, mais également un grand-père inexistant. Théo n’hésite pas à dire que c’est la sixième fois qu’il voit son grand-père. Bien sûr les langues se délient avec le nombre croissant de bouteilles bues.
Acte d’amour
Et puis, Théo qui est au bord du gouffre va être sauvé par son grand-père. Un geste qui va atténuer toute la haine de Milan envers son père. Entre eux deux les liens du sang et un secret. On le sent dès le début du roman. On tente de deviner quel est ce terrible secret… Un secret qui leur fait mal à tous les deux… Un secret qui ne devra jamais être dévoilé.
Ghislain Loustalot insiste sur la difficulté à être père, sur les bêtises que l’on peut faire et surtout dire, en tant que père, qui peuvent avoir des conséquences dramatiques pour toute la vie. Ce huis clos tellement bien mené, nous alcoolise, nous envoûte, nous terrorise, puis, comme Milan, nous ramène à la raison et à une certaine unité familiale au petit matin de cette terrible nuit… Un vrai coup de cœur de cette rentrée littéraire !
En ce dimanche soir de découragement dans son appartement blanc immaculé, deux visites surprises vont rebattre les cartes : celle de Théo, son fils, et d’Émilien, son père, tous les deux à la recherche d’un refuge pour la nuit.
La réunion familiale prend alors des allures de poker menteur où se posent les questions dont on craint les réponses, où chacun règle ses comptes et où trois générations d’hommes vont s’affronter, se détruire, et peut-être se sauver.
Une nuit d’alcool, de violences et de larmes, de secrets gardés, d’humour noir et de rancœurs crachées au visage.