Le Procès du siècle met les points sur les i
Le Procès du siècle revient en détail sur le procès ayant opposé en 2000 l’historienne Deborah Lipstadt et David Irving dans le procès en diffamation intenté par ce dernier. L’objet? Rien de moins que la preuve de l’existence des chambres à gaz dans les camps de concentration nazis pendant la seconde guerre mondiale. Le réalisateur Mick Jackson s’est plongé dans les archives officielles du procès pour reproduire à l’identique les dialogues et séquences de prétoire mot pour mot. Les acteurs sont d’une intensité stupéfiante pour un film aux visées universelles, pour enfin mettre un point final sur les polémiques stériles autour de la véracité des actes nazis. Mention spéciale à Timothy Spall dans le rôle du négationniste aux sympathies nazies, impressionnant dans la peau du révisionniste malhonnête.
Un film important
Le procès du siècle revient avec précision sur un moment charnière de l’histoire contemporaine, pourtant assez mal connu. Plus de 70 ans après la fin du second conflit mondial, les sceptiques de tout poil ont la tentation de remettre en cause l’horreur des actes nazis. Le temps passant, les souvenirs s’effacent peu à peu et l’incertitude est de mise quand des individus à l’assurance apparente s’occupent de remettre en cause la mémoire collective. Daniel Irving (Timothy Spall) est un négationniste qui attaque en justice l’historienne Deborah Lipstadt (Rachel Weisz) l’enjoignant le prouver devant un tribunal l’existence des chambres à gaz. Résolue à ne pas se défiler, elle s’entoure d’avocats experts pour contrer la mauvaise foi viscérale de son opposant décidé à se défendre sans l’aide d’avocats. Anthony Julius (Andrew Scott) et surtout Richard Rampton (Tom Wilkinson) sont ces avocats intéressés par la quête de la vérité. Et comme tous les dialogues reproduisent à l’identique les éléments du véritable procès, le film fait ressentir l’intensité des échanges et la force des réparties. Il faut voir durant le procès les tentatives de Daniel Irving pour capter le regard d’interlocuteurs qui refusent visiblement de croiser ses yeux, l’effet produit est d’une puissance considérable.
Entre le documentaire et le témoignage
Rachel Weisz s’est évertuée à reproduire du mieux possible l’attitude de l’historienne pour en faire ressortir la force de caractère. Ses regards et ses sourires font transparaitre les tourments intérieurs de celle qui est obligée de prouver l’irréfutable devant une cour de justice, sans pouvoir se tromper ni perdre le procès sous peine de laisser la porte ouverte à tous les révisionnistes du monde. Et comme le réalisateur du célèbrissime Bodyguard avec Withney et Kevin ne cesse de la confronter aux doutes d’adversaires pugnaces, l’issue de l’audience a un effet démultiplié. Le film fait revivre un moment clé de l’opposition entre négationnistes et tenants de la mémoire collective. L’intérêt de l’opus est autant cinématographique que sociologique, comme si le film s’imposait en ces temps troublés pour prouver par A + B que certains faits historiques ne sont plus discutables ni à remettre en cause.
Le procès du siècle a l’immense mérite de revenir sur un procès historique récent, mal connu, mais si nécessaire pour arrêter de couper les cheveux en quatre. Et comme les acteurs sont excellents, il ne faut pas bouder son plaisir.
Deborah Lipstadt, historienne et auteure reconnue, défend farouchement la mémoire de l’Holocauste.
Elle se voit confrontée à un universitaire extrémiste, avocat de thèses controversées sur le régime nazi, David Irving, qui la met au défi de prouver l’existence de la Shoah.
Sûr de son fait, Irving assigne en justice Lipstadt, qui se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz. Comment, en restant dans les limites du droit, faire face à un négationniste prêt à toutes les bassesses pour obtenir gain de cause, et l’empêcher de profiter de cette tribune pour propager ses théories nauséabondes ?
Sortie : le 26 avril 2017
Durée : 1h50
Réalisateur : Vincent Garenq
Avec : Rachel Weisz, Tom Wilkinson, Timothy Spall
Genre : Drame, Judiciaire, Topic