Réparer les vivants, un hymne fulgurant à la vie
Il est des films qui marquent au fer rouge. Réparer les vivants dépasse le simple cadre du cinéma et englobe des questions de société qui bousculent. Quand le coeur d’un patient en état de mort cérébrale peut sauver une femme aux jours comptés, le film choisit un déroulé pudique et sans artifices pour un résultat qui marque jusqu’à longtemps après la fin de la projection. Un film brillant, rien de moins (attention inévitables Spoilers).
La vie sur le fil
Le film débute avec le quotidien lambda d’adolescents fans de surf. Leur parcours laisse craindre le pire jusqu’à l’accident tragique. Ces 15 premières minutes révèlent la fragilité de la vie, sur le point de basculer au détour d’un virage ou d’une vague. La musique d’Alexandre Desplat égrène de subtiles notes de piano sans tambour ni trompettes. Suit alors l’annonce douloureuse aux parents meurtris après l’accident. Interprétés par Emmanuelle Seigner et Kool Shen, ils sont confondants de vérité dans leur douleur. Face à eux, des médecins contrits doivent annoncer l’opportunité du don d’organe dans un moment pas simple. L’objectif de sauver des vies leur donnent l’influx pour expliquer l’inexplicable. Et là, Tahar Rahim bouleverse par son jeu tout en retenue et en pudeur. Premières larmes.
La course contre la montre
Suit alors l’évocation d’une patience atteinte d’insuffisance cardiaque sévère interprétée apr une Anne Dorval bouleversante. Entourée de ses deux garçons (dont un Finnegan Oldfield que l’on voit partout depuis Nocturama), elle veut vivre mais l’idée de récupérer un organe la met mal à l’aise. Son médecin la convainc du bien fondé de la démarche et Dominique Blanc est là aussi à tomber de justesse. Tandis que les parents du patient acceptent l’idée de céder les organes de leur fils pour sauver des vies, le chronomètre se déclenche. Et Karim Leklou ainsi qu’Alice de Lencquesaing sont ces deux médecins chargés d’extraire le coeur, pour le transporter et le réimplanter. Seconde crise de larmes. Les gestes sont justes, l’ambiance est pesante, la détermination est totale. Loin des ambiances hollywoodiennes style Urgences ou Grey’s anatomy, l’ambiance de transplantation laisse entrevoir les regards concentrés des médecins, leurs doutes et le sentiment final d’avoir réalisé l’impossible. Le coeur est transplanté, ils le relancent, le choquent. Il repart. Les médecins se regardent et ce qui passe dans leurs yeux va au-delà des commentaires. Troisième crise de larmes.
Une émotion vraie
Tandis que la patiente se réveille, le spectateur comprend l’ineffable. Elle est vivante, elle s’en rend compte, sa vie va continuer. Les notes du Five Years de David Bowie résonnent et la vie a vaincu la mort. Quatrième crise de larmes. Le film est d’une telle justesse qu’il est impossible de le suspecter de mauvaises intentions. Tout son déroule montre la fragilité de la vie et surtout le rôle central, obligatoire et louable du corps médical. Eux-mêmes remplis de doutes, les médecins sont les vrais héros du film. Bouli Lanners, Tahar Rahim et tous les autres acteurs/actrices rendent à César ce qui est à César. Sauver des vies, réparer les cabossés, pour entretenir l’espoir, c’est magnifique.
Réparer les vivants bouscule comme rarement par sa juste pudeur. Les médecins sont les vrais superhéros ce ce film à découvrir absolument. Âmes sensibles prévenues, le film touchera votre être au plus profond.
Tout commence au petit jour dans une mer déchaînée avec trois jeunes surfeurs. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, c’est l’accident. Désormais suspendue aux machines dans un hôpital du Havre, la vie de Simon n’est plus qu’un leurre. Au même moment, à Paris, une femme attend la greffe providentielle qui pourra prolonger sa vie…
Sortie : le 2 novembre 2016
Durée : 1h43
Réalisateur : Katell Quillévéré
Avec : Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval
Genre : Drame