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Rester Vertical, film érectile d’Alain Guiraudie

Rester Vertical
Rester Vertical Photo : Damien Bonnard © Les Films du Losange

Rester Vertical, film érectile d’Alain Guiraudie

Rester vertical comme face au loup. L’unique moyen pour leur faire face de manière efficace, et ainsi éviter une attaque mortelle de la part d’un des animaux les plus craints de notre histoire. Se tenir debout face à ce regard perçant, ces crocs acérés qui peuplent une mâchoire fière et robuste, le tout étant accompagné d’une corpulence qui ferait pâlir notre récent double champion olympique, Teddy Riner. Il en faut du courage et de la pugnacité pour y arriver. Surtout quand la meute rôde autour.

Quand Guiraudie filme des gueules cassées

C’est autour de cette comparaison métaphorique que se bâtit presque entièrement la nouvelle fiction d’Alain Guiraudie, qui a eu les honneurs de la sélection officielle cannoise en mai de cette année. Soit le destin de ces hommes qui doivent rester debout malgré toutes les difficultés qui se cumulent sur leur chemin. Tel Léo, protagoniste principal dont la caméra s’en amourache dès les premières minutes jusqu’au surprenant dernier plan, et qui doit faire face à une vie professionnelle et amoureuse qui se délite au fur et à mesure que le récit avance. Tel Marcel, vénérable fan de Pink Floyd, seul et abandonné de tous ou presque dans ce long naufrage qu’est la vieillesse. Ou tel Jean-Louis, l’homme qui doit, au sens premier, faire face au fameux loup au milieu des causses Méjean, avec sa condition d’éleveur isolé et désolé.

Guiraudie filme à nouveau des gueules cassées et des laissés pour compte avec une dignité et une force qui nous empêchent de tomber dans toute forme de misérabilisme.

Misère et Résistance

La misère et la résistance sont deux thèmes extrêmement chers au cinéaste originaire d’Albi. Mais, encore une fois, la liberté de ton de son auteur pousse à ne pas prendre au pied de la lettre ces deux mots. La misère est avant-tout un prétexte pour s’arracher au monde physique et matériel pour emprunter le chemin vers la liberté. N’est-ce pas quand le personnage de Léo se retrouve complètement nu qu’il semble enfin se décider à ne plus subir son destin tel qu’il le faisait depuis les premières images du film. La résistance et la persévérance de Léo à vouloir s’attacher à des lieux communs au nombre de trois crée rapidement un enchantement lyrique et poétique hors du temps, où la raison semble vaciller assez rapidement, malgré le côté très terre-à-terre des dialogues et des situations.

On pense à Lynch, mais c’est surtout Hors Satan, de Bruno Dumont qui est alors cité comme référence par Guiraudie lui-même. Cette déambulation d’un scénariste, des vallons languedociens à la méconnue ville de Brest cinématographiquement parlant, nourrit notre imaginaire avec des paysages somptueux qui font écho à une époque où le rustique n’a plus le temps d’exister face au rouleau compresseur du progrès.

Guiraudie aborde d’ailleurs une quantité de thèmes fortement contemporains comme le suicide assisté (fabuleuse scène), l’homo-parentalité ou encore les déserts ruraux, tout en inscrivant fortement son film dans une nostalgie de la mécanique et du tout humain.

Rester vertical, métaphore de l’érection masculine ?

Les hommes sont d’ailleurs le centre névralgique de cet oeuvre. Tous inconnus ou presque du grand public, les acteurs choisis par Guiraudie irradie littéralement sur l’écran. Que ce soit Damien Bonnard, dans le rôle de Léo, parfait de candeur et d’étourderie, ou encore Christian Bouillette, en vieux ronchon attachant et au langage fleuri, le casting est encore une fois une pleine réussite. Guiraudie l’avoue volontiers que cela est bien plus facile d’emmener où il le désire une distribution de novices. Surtout qu’avec lui, les limites du politiquement correct sont vite franchies.

Amateurs de superbes images totalement inédites sur grand écran, vous risquez d’être servis, que ce soit en panoramique des causses Méjean, ou en très gros plan de sexe aussi bien féminin que masculin. Rester vertical peut alors aussi s’interpréter comme la métaphore de l’érection masculine, porte ouverte vers toute sorte de lubricité, et vers la vie.

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Léo est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup, il sombre peu à peu dans la misère. C’est la déchéance sociale qui le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup.

Sortie : le 24 août 2016
Durée : 1h40
Réalisateur : Alain Guiraudie
Avec : Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry
Genre : Drame

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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Réalisation
Jeu des acteurs
Manipulateur de mots pour la presse web depuis quelques années. Cinéphage compulsif, féru de culture en tout genre, de voyages, de musique électronique, de foot. Rejeton de Chaplin & Hitchcock.
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