Pour ceux qui ne le connaissent pas, Rodolphe Lauretta est un saxophoniste né à Amiens de parents guyano-antillais. Il revient après Raw, son premier album sorti en 2017. Le second opus offre un mélange harmonieux et surprenant de sonorités jazz, funk, hip hop et caribéennes. La rencontre musicale est un régal à écouter, le 7e morceau de l’album, Anticipation avec Geneviève Artadi souligne par exemple l’apport d’invités prestigieux pour faire décoller la musique bien haut.
De la musique réjouissante
Rodolphe Lauretta n’est pas un inconnu du tout sur la planète jazz. Fait d’arme marquant de sa carrière, le programmateur au festival Jazz À Vienne et fondateur de Qwest TV aux côtés de Quincy Jones, Reza Ackbaraly, a passé commande en 2011 au saxophoniste d’un hommage au producteur culte de hip-hop californien Madlib. La création de The Jazz Side Of Madlib sur la scène du Jazzmix à Jazz à Vienne à l’aide d’un répertoire d’arrangements novateurs sur des instrumentaux du beatmaker américain a fait sensation. Les concerts se sont enchainés au festival Jazz sous les Pommiers, au Mona Bismarck American Center de Paris ou au festival Jazz à la Villette. Rodolphe Lauretta est également apparu dans des festivals de jazz en France avec le big-band afro-jazz Kelin Kelin Orchestra et a joué et enregistré avec le trompettiste Jason Palmer, le batteur Famoudou Don Moye ou le légendaire pianiste be-bop et jazz caribéen Alain Jean-Marie. Kreolia est une ode vibrante aux musiques d’ailleurs avec un cocktail jouissif de sonorités diverses. L’album Kreolia enchaine les morceaux virtuoses avec des instruments comme en liberté. Au sein d’une formation regroupant 5 improvisateurs virtuoses, le musicien se déchaine. Ses solos puissants sur le premier morceau titre fait tourner la tête. The Roy s’inscrit dans une même veine de free jazz sans limites. Brazilian Truth bénéficie des interventions rap de Med pour une explosion de couleurs. Ultraviolet est plus calme, carré mais lui aussi très jazz. We all are one laisse la primauté au piano avec l’intervention experte de Dwight Trible. Where to go se veut un aparté lumineux et spatial, presque pop. Mashupdistage revient vers un jazz décomplexé. Sauvée bénéficie de l’intervention de Ruppert Pupkin pour un grand moment de poésie. Smokin‘ wis lord quas navigue du côté d’un jazz encore une fois décomplexé et Haïti conclut l’album dans des sonorités caribéennes.
L’expérimentation est reine dans cet album animé par des musiciens qui enchainent les morceaux de bravoure pour le plus grand plaisir de l’auditeur