Sauvage
Pour sa première BD, Aurélie Bévière s’est bien entourée puisque ce n’est autre que Jean David Morvan (Zorn et Dirna, Nomad, Sillage, Spygames, Jaurès, Oms en série) qui participe avec elle à l’élaboration du scénario de Sauvage. Les deux auteurs sont par ailleurs accompagnés de Gaëlle Hersent, jeune dessinatrice ayant travaillé dans le cinéma d’animation, notamment sur Ernest et Célestine. Dans Sauvage, le trio raconte la vie incroyable de Marie-Angélique Le Blanc, retrouvée dans la forêt alors qu’elle avait à peine dix-huit ans… On est au XVIIIème siècle et c’est une histoire vraie.
Date de parution : le 28 janvier 2015
Auteurs : Aurélie Bévière, Jean David Morvan (scénario) et Gaëlle Hersent (dessin)
Editions : Delcourt
Prix : 24,95 € (216 pages)
1720. Âgée de huit ans, une petite fille, partie du Canada, fuit l’esclavage. Arrivée à Marseille, après avoir subi viols et brimades, elle se réfugie dans les forêts de Champagne. Ainsi débute dix années d’errance jusqu’à sa capture et sa progressive réhabilitation. Mêlant nature et culture, bestialité et aristocratie, violences et douceurs, cet album de contrastes raconte l’histoire extraordinaire de Marie- Angélique, l’enfant sauvage.
Le point sur l’album :
Le sujet choisi ici est tout bonnement fascinant. Le scénario retrace le parcours hors norme de Marie-Angélique par bribes de souvenirs, jusqu’à mettre en scène les évènements qui ont poussé cette petite fille de huit ans à aller se réfugier en plein coeur de la forêt. Alternant habilement flash-backs et temps présent, le récit suit l’évolution de l’enfant sauvage dans sa vie d’après. L’adaptation fut rude. La jeune femme est d’ailleurs passée par des hauts et des bas difficiles. Les auteurs parviennent à donner à leur héroïne une belle profondeur, en exploitant une personnalité complexe mais réservée d’une Marie-Angélique bien mystérieuse. La trame générale manque toutefois d’un peu de liant, ce qui donne parfois l’impression que l’on nous dresse une liste d’évènements qui ont fait la vie de cette femme. Joliment écrit, le scénario de Sauvage reste plaisant malgré cela.
Le dessin de Gaëlle Hersent n’est pas déméritant. Son trait fin aux courbes irrégulières dégage quelque chose d’assez justement sauvage. Si cela participe à l’esprit de la BD, le potentiel est tel qu’on aimerait encore plus de travail. Celui de la couleur directe est particulièrement réussi.
Sauvage est un bel ouvrage, même s’il est difficile de dire si les auteurs ont fini par dompter cette histoire hors du commun.