© Casterman 2014
Date de sortie : le 8 janvier 2014
Auteurs : Antoine Ozanam (scénario) et Rica (dessin)
Prix : 16 €
Succombe qui doit est un one shot, dernier né du scénariste ultra-prolifique Antoine Ozanam (Le Chant des sabres, E dans l’eau, Eclipse, Klaw…) et de Rica dessinateur jusque là méconnu. Un duo efficace, voire redoutable qui a produit un polar nerveux et sans fioritures proche de la perfection.
Résumé de l’éditeur :
Sur la trame classique d’un polar, un récit noir et brutal, d’une intensité exceptionnelle. Âmes sensibles s’abstenir.
Sale temps sur la casse auto Marchado. Quatre jeunes malfrats en fuite après un braquage qui a dégénéré, dont l’un grièvement blessé, s’y sont réfugiés lors d’une nuit de déluge. Depuis, ils y séquestrent José, le patron des lieux, un costaud taciturne, misanthrope et revenu de tout. Comment échapper aux recherches policières ? Sauver le blessé ? Et, surtout, livrer le butin du braquage à son commanditaire, le sinistre La Villette ? En l’espace de quelques heures grinçantes se noue un huis clos d’une intensité exceptionnelle, ponctué de flash-back qui font tomber les masques et dévoilent les ressorts secrets de cette histoire poisseuse et tragique à souhait : sous le nom de Laser Jo, José Marchado fut autrefois un boxeur fameux et doit au même La Villette le naufrage de sa vie dévastée. L’heure est venue de solder les comptes…
Dans un registre expressionniste d’une violence et d’une âpreté peu communes, Succombe qui doit revisite avec panache les motifs éternels du roman noir. Irrésistible.
Le scénario est sombre. Il met la tension au premier rang de ce polar agressif et sanglant. Jusqu’où vont aller ces quatre braqueurs manqués ? Le lecteur assiste au dérapage incontrôlé de la bande dans un huis clos astreint à une vieille décharge froide et humide, où la boue est omniprésente, jusque dans la maison de son gardien… Le récit d’une simplicité apparente est façonné avec un talent fou, à la façon d’un certain Tarantino.Les amorces de l’histoire sont très soigneusement mises en scène (on pense par exemple à la scène introductive très bien trouvée avec ces animaux bipèdes) et le découpage participe tout autant à la montée du suspens, quand on voit la violence montée crescendo…
Outre ce que raconte ce polar, où chacun trouve à se venger de l’autre, les dessins achèvent de dynamiter les planches avec des traits précis qui dégagent une vivacité surprenante. Les pages sont denses, bourrées de couleurs explosives et contrastées, où le sang et la boue nous giclent quasiment au visage. Du grand art qui fait définitivement prendre la mayonnaise.
Un album à dévorer.