Sujet inconnu, un époustouflant roman, coup de coeur (Julliard)
La rentrée littéraire commence très fort avec Sujet inconnu qui est le troisième roman de Loulou Robert. Elle commence son roman par sa propre présentation. Et surtout elle s’adresse immédiatement au lecteur. « Ce qui vous intéresse est de savoir si cette histoire est vraie. […] Cette question revient à chaque page. »
Une petite fille pas comme les autres
C’est l’histoire d’une petite fille qui habitait dans le Grand Est, La Meuse, des villes en « anges ». « Où les maisons sont des tombeaux », p.10. Un jour, à huit ans, elle a décidé qu’elle quitterait cette région. Pour vivre, pour ressentir, pour souffrir, dit-elle. Elle est fille unique. Adorée de ses parents, fusionnelle avec sa mère. A huit ans, elle n’avait qu’un ami : Sam, sa peluche qu’elle emmenait dans son sac à l’école. Faire du mal à Sam était pour elle un crime. Elle pratiquait le judo et cela va l’aider dans sa vie de petite fille. Pour défendre Sam. A l’école, elle avait de bonnes notes, très bonnes même. Mais son comportement était bizarre, très bizarre. Elle a donc été suivi, en psychiatrie. Elle ne raconte pas trop ses hospitalisations, durant l’adolescence. Trop de douleurs.
Toute jeune femme
Elle aimait beaucoup ses parents et avait de l’admiration pour eux. Mais elle ne pouvait pas rester dans cette maison où elle se mourrait. Il fallait partir. Se sauver. Quitte à souffrir. Abandonner ses parents, surtout sa mère. Même si elle la qualifie « d’hystérique ». A dix-huit ans, elle est partie, à Paris, faire ses études à la Fac. Un véritable déchirement cette séparation avec sa mère, une souffrance non dite. Heureusement il y avait Sam. Installation dans dix-huit mètres carrés. Changement radical de vie, piercings, cheveux courts… Affirmation de soi. Changement de filières. Difficile de se stabiliser à tous les niveaux…
Rencontre amoureuse
Comme elle était jeune, très jolie, très intelligente, elle a rencontré l’Amour. Et cette rencontre a changé sa vie. Pour la première fois, elle se livre, elle se confie. Sa vie en est bouleversée. Et au fil des pages, on sent la tension qui monte, la souffrance aussi, parallèlement à son amour. Presque proportionnellement. En fait de bonheur, elle se retrouve prisonnière de son amour. Elle ne peut plus vivre. Plus respirer. Sa vie va en être profondément affectée. De tant de souffrances, sortira sa vérité.
Une écriture hors norme
Il est vrai que tout au long de la lecture de ce roman, le lecteur ne peut que se poser la question : l’auteure a-t-elle vraiment vécu cette horreur ? Toute cette tension si bien décrite, ses sentiments, ses ressentis, sont-elles les siens ?
Impossible de s’arrêter au milieu du livre. On ne peut que le lire d’une traite. On aime le fait qu’elle soit tombée amoureuse, qu’elle connaisse le grand Amour, elle qui n’avait pas d’ami. Puis, avec elle, on plonge dans l’horreur. Dans la complexité des relations : si j’avoue que je suis mal, je serai encore plus mal, ça va forcément s’arranger, donc je reste. Je ne peux pas partir… La situation devient insoutenable, pour elle comme pour le lecteur. Et parallèlement à sa propre situation, sa mère vit également un enfer. Où tout son entourage se sent complètement impuissant. Un enfer pour tous. Une autre terrible épreuve. Une autre impuissance à gérer.
Sujet inconnu parle vrai. Très vrai. Impossible de ne pas être bouleversé par cette plume pleine de vie, pleine de fougue, pleine de jeunesse et d’intelligence. La vie est cruelle, et par cette cruauté en sort une merveille, ce livre ! Un coup de cœur qui fait mal, qui fait peur, mais qui sonne juste ! Sujet inconnu d’un auteur qui sera de plus en plus connu et reconnu !
J’avais huit ans et j’ai décidé de partir un jour. J’ai choisi de ressentir. J’ai choisi de souffrir. À partir de là, je suis condamnée à cette histoire.
Sujet inconnu, c’est, dans un style brut et très contemporain, l’histoire d’un amour qui tourne mal. Entre jeux de jambes et jeux de mains, l’héroïne de ce roman boxe, court, tombe, se relève, danse, au rythme syncopé de phrases lapidaires et d’onomatopées. Plus la violence gagne le récit, plus on est pris par cette pulsation qui s’accélère au fil des pages. Un roman écrit d’une seule traite, d’un seul souffle, dans l’urgence de gagner le combat, dans l’urgence de vivre, tout simplement.
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