Un témoignage réaliste sur la vie dans les prisons pour femmes avec la Ballade des Dangereuses (La Boîte à Bulles)
Les éditions La Boîte à Bulles publient La Ballade des Dangereuses, témoignage d’une détenue multirécidiviste dans les prisons belges. L’héroïne Valérie Zézé raconte son expérience des incarcérations successives engendrées par son addiction à la drogue et tous les larcins qu’elle commet pour se procurer ses doses. La BD raconte l’engrenage robotique de l’institution judiciaire, la vie quotidienne déshumanisante dans les cellules et les rapports de force forcément conflictuels qui s’instaurent entre détenues. Quand les perspectives d’avenir s’amenuisent et qu’une reprise en main ferme et définitive est nécessaire pour se reprendre en main, la difficultés s’amoncellent pour sortir la tête de l’eau.
Une vie sans perspectives
La première chose qui frappe à la lecture de la Ballade des Dangereuses, c’est la modification du fil du temps. Le temps trop court de la satisfaction fugace de la dose prise pour combler le manque, le temps immobile de la vie chaque jour répétitive passée en prison entre les 4 murs de la cellule et les balades dans la cour, le temps trop long de la machine judiciaire confrontée aux mêmes solutions d’incarcération sans perspectives de réinsertion. L’héroïne Valérie Zézé ne cache pas son impasse existentielle et l’incapacité de reprendre le fil d’une vie d’enseignante devenue bien lointaine. Les larcins dans un grand magasin conduisent à chaque fois à la case prison avec ses détenues, ses surveillants et ses règles pour survivre. La majorité des pages de la BD expliquent par le détail les codes de l’institution judiciaire et de la vie dans la prison. L’héroïne essaye d’organiser son existence carcérale entre des activités libératrices, lectures, activités rémunérées, sport et rencontres. L’héroïne tente de prendre sous son aile de jeunes codétenues pour leur faire prendre conscience des possibilités offertes par la vie. Le dessin de Delphine Hermans instille une énergie visible via ses traits rapides. Les visages sont aussi finement dessinés que les décors semblent mouvants. Les couleurs au pinceau contribuent également au dynamisme des bulles pour une lecture toute en tension. Le scénario d’Anaële Hermans suit l’existence d’une héroïne ballottée entre ses faiblesses et les tentations néfastes d’une vie sans ampleur.
La BD se finit sur une note d’espoir avec une héroïne qui sait ce la femme qu’elle ne veut plus être et ne sait pas encore la femme qu’elle veut être. La Ballades des Dangereuses se veut une peinture sans concessions d’une société qui n’est pas très tendre avec ses éléments les plus fragiles. Reste cette sensation d’humanité qui transparait à travers les bulles d’une BD prenante et émouvante.
Incarcérée pour vol pour la neuvième fois, Valérie Zézé, tente de se réadapter à la vie en prison, entre amitié, solitude, et espoir.
Portée par l’amour de son fils, la foi et ses codétenues, elle va devoir faire face à ses vieux démons et accepter d’affronter la réalité. Sa réalité : décrocher de la drogue, et reprendre sa vie, son existence, et s’appartenir à nouveau.
Comprendre pourquoi et comment elle en est arrivée là, panser ses plaies, et laisser derrière elle la femme qu’elle ne veut plus être.
L’histoire vraie de Valérie Zézé, véritable hymne à l’espoir, poignant, drôle et terriblement humain.
Date de parution : le 7 mars 2018
Scénariste(s) : Anaële Hermans
Dessinateur(s) : Delphine Hermans
Genre : Drame
Editeur : La Boîte à Bulles
Prix : 20 € (122 pages)
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