Tenir jusqu’à l’aube, la dure vie d’une mère célibataire (L’Arbalète Gallimard)
Carole Fives nous livre son quatrième roman avec Tenir jusqu’à l’aube. Cette fois-ci, elle s’attache au portrait d’une jeune femme qui se retrouve mère célibataire.
Portrait proche d’une certaine réalité
Elle est séparée de son compagnon et s’occupe seule de son bébé. Elle n’a pas de nom, ni de prénom, pas plus que son bébé. Elle peut être n’importe qui, vous, moi, elle. Elle adore son fils de deux ans et lui consacre entièrement ses journées. Souvent elle se sent débordée par ses cris, ses caprices. Elle se sent une mauvaise mère. Elle n’a pas d’argent, aucun moyen de le faire garder. Donc, difficile de travailler chez elle, avec son bébé à côté, tout à côté. Et cette extrême solitude. Personne à qui parler en de-dehors de son fils.
Forum sur le Net
Elle se sent si seule qu’elle parcourt le Net à la recherche de forum. Elle tape des mots-clés et commence des discussions. Souvent très intolérantes. Du coup, elle n’ose pas trop dire ce qu’elle ressent. Car dans le fond, elle a un peu honte. Difficile d’avouer qu’elle n’en peut plus de son fils. Qu’elle étouffe ! Qu’elle voudrait tant sortir. Voir autre chose, rencontrer des gens ; vivre tout simplement.
Besoin d’oxygène
Ca devient vital pour elle de sortir un peu le soir, quand son bébé est bien endormi. Il ne risque rien son bébé. Il dot à poings fermés. Il ne se réveillera pas avant 2 ou 3 heures du matin. Donc, elle sort. Juste un moment. Vingt minutes, pas plus. Vingt minutes rien que pour elle. Et puis les minutes vont se rallonger au fil des sorties nocturnes. Comme un besoin vital pour cette pauvre mère.
Place de la mère dans notre société
Carole Fives ne parle que de la mère. Pas n’importe laquelle. Celle qui est mise de côté dans notre société. La mère célibataire. Entièrement seule, pas du tout aidée. Elle doit toujours se débrouiller, s’organiser. Personne ne lui viendra en aide. C’est son problème si elle a un bébé. Elle l’a voulu, donc, elle l’assume. Et le père ? Le père, il est parti. Il les abandonnés. C’est comme ça. Il ne subira rien ! Personne ne saura qu’il a un enfant de deux ans, abandonné quelque part. Ca ne l’empêche pas de vivre… la mère, si. Tout le monde le sait et personne ne l’aide. Si ce portrait est dur, il reste néanmoins proche d’une certaine réalité. Même si le statut de la femme a beaucoup évolué dans nos sociétés, il reste encore bien des choses à accomplir pour l’améliorer encore. Et la mère qui élève seule ses enfants fait partie des laissés pour compte…
Tenir jusqu’à l’aube, un livre à lire, par tous. Et sûrement pas que par les mères célibataires ! Elever un enfant est un acte d’amour qui demande énormément de ressources ! Une période difficile qui devrait être aidée par la société beaucoup plus qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Une jeune mère célibataire s’occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l’étouffement, la mère s’autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l’appartement d’abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d’un semblant de légèreté.
Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore?
On retrouve, dans ce nouveau livre, l’écriture vive et le regard aiguisé de Carole Fives, fine portraitiste de la famille contemporaine.
Date de parution : le 1 juillet 2018
Auteur : Carole Fives
Editeur : L’arbalète/Gallimard
Prix : 17 € (177 pages)
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