Fils de New York
Tor Miller, 22 ans, est comme une tique agrippée à la peau lumineuse et grouillante d’énergie de New York. De Brooklyn, il déménage pour le New Jersey avec sa mère après séparation des parents. Comme tout le monde, il aurait très bien pu changer d’école. Sans en faire un être particulièrement exceptionnel, il faut souligner que son désir de rester en école dans New York même fut une très bonne idée. Non pas parce qu’elle était meilleure, plus sympa, ou que la bouffe de la cantine était tastier, mais parce que pour y aller, il faut faire de la route. Pourquoi parle-t-on de ça ? Pour combler le temps vide d’un parcours home-school et school-home, Mum lui trouve des disques (le truc rond que le fichier MP3 a remplacé aujourd’hui). David Bowie, Elton et compagnie. On écoute, on reproduit quand on est gosse. Dire que Tor Miller est une reproduction de ces grands ducs serait une bêtise, parce que c’est purement faux. En revanche, dire que Tor Miller est singulier, ça c’est vrai.
Le grain et la plume
Cours de piano, leçons de chant, participation à des petits groupes de musique de garage, Tor Miller fait ses armes. Il se développe. Il souhaite être maître de sa plume et de sa musique. Il signe que s’il peut signer de sa facture. Sa musique est assez personnelle : sorte de indie pop, aux reflets de crooners, fébrile mais fort dans le timbre, sensible mais mature dans la voix. Les accompagnements sont parfois simples (Baby Blue) et parfois offrent des fulgurances assez géniales (Carter & Cash). Son premier EP Midnight est plaisant. Ses deux nouveaux titres, Carter & Cash et Baby Blue sont plus fouillés et confirment le talent supposé dans le premier EP.
Peau lisse et cul talqué
Le talent de Tor Miller est certain. En revanche, ce qui pourrait lui nuire, c’est l’effet lissé perceptible à certains moments. Il suffit de comparer les versions live et les versions studio : la bestiole sur scène est bien plus efficace qu’en disque. Il gagnerait à se méfier d’une bieberisation de son talent. Il gagnerait à amocher sa gueule angélique en transpirant davantage. Parce que les aspérités sont bien plus intéressantes que le vernis lisse d’un disque parfait, aussi lisse que le cul talqué d’un ange.