Tungstène
Remarqué pour son recueil de nouvelles, Mes Chers samedis, Marcello Quintanilha sort son premier roman graphique : Tungstène. Maître d’oeuvre d’un polar noir hyper-réaliste, l’artiste confirme son grand talent en tant qu’auteur complet en nous promenant le long de la côte brésilienne, les pieds dans l’eau, à Salvador de Bahia.
Date de parution : le 24 août 2015
Auteur : Marcello Quintanilha (Scénario et Dessin)
Editions : Ça et Là
Prix : 20,00 € (186 pages)
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Résumé de l’éditeur:
Salvador de Bahia, Brésil, de nos jours. Les chemins de quatre habitants de la ville vont se croiser au pied du Fort de Notre-Dame de Monte Serrat, à l’occasion d’un fait divers. Cajù, un dealer à la petite semaine en galère, monsieur Ney, militaire à la retraite complètement névrosé et Richard, policier réputé mais mari exécrable en passe de se faire quitter par sa femme, Keira, se retrouvent tous impliqués dans un incident d’apparence anodine, mais qui va vite dégénérer
en une situation dramatique.
Tungstène est un polar d’une maîtrise confondante. Dans ce petit bijou noir, véritable mécanique de précision, les histoires des principaux protagonistes sont inextricablement liées les unes aux autres. Confrontés à une crise, ils se retrouvent poussés dans leurs retranchements, sur le point d’atteindre le point de rupture (le tunsgtène étant le métal ayant le plus haut point de fusion).
Empruntant à la fois aux codes narratifs et visuels du comics, de la bd franco belge et du manga, Marcello Quintanilha met en scène avec maestria ce récit alternant scènes d’actions débridées et questionnements intérieurs, avec en toile de fond la réalité du Brésil d’aujourd’hui.
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Notre avis sur l’album :
Sous un soleil de plomb, un petit dealer, un flic violent, sa femme sur le point de le quitter et un militaire à la retraite vont jouer une curieuse partition avant que le scénario ne les fasse se rejoindre. Enchaînant les situations incongrues tout au long de son récit, au sein duquel chaque protagoniste semble plus ou moins isolé, Marcello Quintanilha interpelle sans jamais se livrer. Teintant son histoire d’un filigrane noir, qui convoque parfois le cynisme dans la binarité de ses personnages, l’auteur n’oublie pas un aspect essentiel : élaborer un polar démonstratif, sinon violent.
Tungstène escalade avec vélocité le tensiomètre narratif
Car le scénario de Tungstène escalade avec vélocité le tensiomètre narratif dans une structure sous-jacente millimétrée. Sans s’y attendre vraiment – devant la quiétude relative de personnages plutôt tranquilles – tout d’un coup, on sent la pression gagner un palier supplémentaire, jusqu’à un épilogue juste et percutant.
Ajoutez à cela le dessin noir et blanc de Marcello Quintanilha, qui ose des postures presque caricaturales tant elles offrent de latitudes dans les mouvements et les expressions. Un trait libre et vivant qui donne une belle profondeur à Tungstène.
Marcello Quintanilha prouve avec Tungstène qu’il n’a pas volé sa réputation de virtuose de la BD brésilienne. Un immanquable.