Une analyse pleine de sens de l’oeuvre du réalisateur Pierre Salvadori dans l’essai le prix de la comédie
Alors qu’est sorti sur les écrans son dernier long métrage En liberté! les éditions Playlist Society s’intéressent au réalisateur Pierre Salvadori avec un essai et un entretien pour revisiter une oeuvre qui s’inscrit dans la glorieuse ascendance d’autres réalisateurs exigeants en matière d’humour et de peinture sociale. Avec des personnages hors de la norme voire complètement à la marge comme dans Hors de prix ou Après vous, Pierre Salvadori creuse le sillon d’une description sans concession de notre monde moderne, où il faut soit s’insérer à tout prix soit s’accommoder de sa différence, avec plus ou moins de réussite.
Une oeuvre sporadique et singulière
Avec 11 films seulement depuis 1993, Pierre Salvadori sait se faire attendre entre chacun de ses films. Pour des histoires vraiment originales et plus douces amères que vraiment et ouvertement comiques. La mélancolie est la règle, loin de l’humour simplement potache et désopilant. Certains des héros savent très bien profiter du monde capitaliste moderne ou au contraire ne savent pas du tout se débrouiller, les premiers essayent d’inculquer les règles au second qui montrent au premier la vacuité du monde dans lequel ils évoluent. Et à la fin, c’est l’amour ou l’amitié qui gagne. Le cinéma de Pierre Salvadori est un monde de faux semblants avec des miroirs qui renvoient une image biaisée de la réalité. Et à la fin, les apparences trompeuses volent en éclat pour le choix de la réalité humaniste et non pas simplement matérialiste. Dans l’entretien qui suit l’analyse, le réalisateur donne des clés très cinématographiques à son oeuvre, invoquant Resnais ou Scorsese à l’occasion. Le réalisateur n’oublie pas les impératifs économiques inhérents à la production cinématographique, privilégiant tout de même une vision personnelle le faisant se démarquer quelque peu de ses contemporains. Dans un monde de la comédie française où les ambitions sont trop souvent en berne pour des résultats trop souvent décevants, Pierre Salvadori se démarque avec une vraie réflexion sur le monde qui nous entoure, jusqu’à renvoyer une image du monde que chacun pourra reconnaitre.
Le prix de la comédie est un essai surprenant. Car qui aurait pensé à se concentrer sur ce réalisateur pas vraiment people et bien moins connu que certains de ses contemporains? Mais au fil des pages, une vraie ambition cinématographique se dessine, donnant envie de revoir ses films sous l’aune de cette relecture étonnante. Avec toujours un minimum de pages (144!) pour un maximum d’informations qui fait la marque des éditions Playlist Society. Alors pourquoi hésiter à ne pas se lancer dans une lecture aussi enrichissante qu’épatante? Nicolas Tellop, Quentin Mével et Dominique Toulat ont fait un travail vraiment sérieux et fouillé, car inattendu et enrichissant.
Réalisateur de longs métrages à la fois burlesques, mélancoliques et touchants (Les Apprentis, Hors de prix, Dans la cour, En liberté !…), Pierre Salvadori pourrait bien être l’héritier français de l’âge d’or des comédies américaines, celles d’Ernst Lubitsch et de Blake Edwards. Ses protagonistes, qu’ils vivent en marge de la société ou soient lestés par leurs traumatismes passés, cherchent sans cesse des voies pour s’en sortir, faisant de sa filmographie un guide de survie dans le monde moderne. Composé d’un essai et d’un entretien, c’est ce mélange de douceur et de violence, porté par une éthique de la mise en scène à la générosité rare dans le cinéma français, qu’explore Pierre Salvadori, le prix de la comédie.
Date de parution : le 23 août 2017
Auteur : Nicolas Tellop, Quentin Mével et Dominique Toulat
Editeur : Playlist Society
Prix : 8 € (144 pages)
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