Une exposition éclairante avec Nymphéas, l’abstraction américaine et le dernier Monet au Musée de l’Orangerie
L’oeuvre de Monet fait dorénavant partie du panthéon pictural universel. Ses nymphéas sont reconnus comme une étape décisive de son travail considérable et les touristes du monde entier se bousculent pour voir les toiles en exposition permanente au Musée de l’Orangerie. Peu se souviennent que cela n’a pas toujours été le cas, la première partie du XXe siècle laissait plutôt la place aux contempteurs critiquant les tâches de peinture sans forme ni tracé d’un artiste vieillissant et considéré comme passéiste. C’est peu après la fin de la seconde guerre mondiale qu’une redécouverte de son oeuvre par des artistes américains innovants a permis de réévaluer l’apport gigantesque du peintre de Giverny. L’exposition Nymphéas, l’abstraction américaine et le dernier Monet propose une plongée virtuose dans une période clé de l’histoire de l’art, avec peu de toiles mais beaucoup d’enseignement pour comprendre l’apport vertigineux de Monet dans le développement de l‘abstraction américaine.
Le maître Monet
Il faut imaginer les grands panneaux des Nymphéas entreposés dans les ateliers de Giverny, presque à l’abandon. Claude Monet est mort depuis une éternité, 1926, quand ses toiles font l’objet d’une fascination renouvelée. Il faut attendre 1955 pour voir le MOMA de New York acquérir l’immense panneau W1992 et déclencher une frénésie collective. Car les artistes de ce temps découvrent que Monet a osé la couleur sans formes, la profondeur sans contours, le mélange de l’eau, du ciel et de la flore dans des compositions de nouveau considérées comme fascinantes. Du naturalisme oui, mais sans cadre, sans contraintes, laissant l’esprit voguer dans des compositions oniriques. Et l’école contemporaine américaine d’abstraction ne s’y est pas trompé en plaçant Monet en bonne place dans la liste des précurseurs de l’art moderne du XXe siècle. L’exposition au Musée de l’Orangerie met en regard les tableaux de la série des Nymphéas de Claude Monet avec des oeuvres abstraites pour une comparaison riche de sens. Le Autumn Rhytmn de Jackson Pollock entre en résonance avec la placidité calme et naturelle des nymphéas. Quand éclot le mouvement d’impressionnisme abstrait, Claude Monet est redevenu une référence auquel tout le monde se réfère. C’est ainsi une vingtaine de toiles d’artistes américains qui sont disséminées au fur et à mesure d’un parcours qui interroge. En plus du totem Jackson Pollock, ce sont également Mark Rothko, Barnett Newman, Clyfford Still, Helen Frankenthaler, Morris Louis, Philip Guston, Joan Mitchell, Mark Tobey, Sam Francis, Jean-Paul Riopelle et Ellsworth Kelly qui sont présents pour un ravissement pictural qui appelle à baisser le rythme des pas pour rester de longues minutes devant les toiles. Ce dernier fait de plus l’objet d’un hommage particulier, avec un regard plus approfondi sur le rapport de son oeuvre avec les Nymphéas.
Le Musée de l’Orangerie propose une exposition qui mélange les périodes artistiques pour une mise en abime vertigineuse qui tisse des liens entre l’abstraction américaine et l’oeuvre majeure de Claude Monet. L’exposition est à découvrir jusqu’au 20 aout pour un véritable moment de ravissement esthétique.
Dates : jusqu’au 20 aout 2018
Lieu : Musée de l’Orangerie (Paris)
Entrée : 9 €