Promouvoir et Bang Gang, une histoire d’intolérance moderne
Après avoir essuyé les morceaux de dindes et de marrons du coins de la bouche, les catho-réac’ de l’association Promouvoir, pourtant rassasiés, cherchent à casser du film. Et ils ont trouvé Bang Gang à se mettre sous la dent. Le film d’Eva Husson peint une fresque magnifique où les corps de jeunes s’entrelacent et s’épousent, découvrant le sexe, la drogue, l’alcool. C’est cru. C’est certain. Mais putain qu’est ce que c’est bien !
André Bonnet doit préférer la cuisse bien cuite, bien enveloppée dans des torchons, à la sauce frustration. Bang Gang ne passe pas pour Promouvoir. D’après Le Canard Enchaîné, Bonnet aurait demandé au CNC d’étudier davantage le cas Husson, de bien revérifier si les poitrines et les pénis (sans doute acteurs principaux pour Bonnet) n’étaient pas en train de danser sur un vieil air de musique pornographique. Aujourd’hui interdit aux moins de 12 ans, on suppose un moins de 18 souhaité. Peut-être même une interdiction aux moins de 25, ou 42, ou 59, ou 99, ou pas avant le bicentenaire. Le désir le plus profond de Promouvoir c’est de ne plus avoir de culs et de boules sur les grands écrans. Lançons des procédures et censurons, en fête, et avec piété !
Le problème dans le cas des films en ligne de mire de nos amis Promouvoir, c’est la tranche d’âge interdite. Un petit gars de 12 ans ne peut pas aller voir Love de Noé. Quand son père lui a dit que la sortie cinoche pour aller voir ce film, ou Bang Gang, il était très triste – « Oh non, moi qui voulais voir des culs ». Il ne faut absolument pas alimenter la photothèque érotique des petits ! Et c’est vrai que c’est en allant voir de bons films au cinéma que ça se passe.
Il est certain qu’on bande plus sur la beauté d’un film que sur ses constituants érotiques. Si il souhaite alimenter sa caverne d’images pour ses rêveries solitaires, en quelques clics il trouve de quoi faire le plein sur Internet. Et en bon chrétien, il trouvera surement une sextape éducative racontant comment le petit Jésus aurait été conçu.
L’Art dérange. Et c’est bien normal. Mais prendre le temps et l’énergie de casser les pieds de Noé, Husson, et d’autres, à quoi est-ce que ça rime ? Prendre le temps et l’énergie de matraquer des choses qui ne vous atteignent pas personnellement, à quoi est-ce que ça rime ?
Dire qu’il ne faut pas aller voir ce film c’est dire que Promouvoir ne veut pas qu’on aille voir ce film. La paraphrase parle d’elle même. Ce qui est un réel souci dans l’histoire, c’est que Promouvoir tend à la restriction de nos libertés. Trouver un moyen de censurer le film – on parle bien de censure – c’est empiéter sur les libertés individuelles de chacun. Ce n’est pas simplement la suppression de la possibilité d’aller voir le film quand on est ado et qu’on aime le cinéma, c’est bien pire que cela. C’est l’ablation de la liberté de décider d’aller voir quelque chose, ou pas. Même le refus est réquisitionné.
À suivre.
Pour attirer son attention, elle lance un jeu collectif où sa bande d’amis va découvrir, tester et repousser les limites de leur sexualité. Au milieu des scandales et de l’effondrement de leur système de valeurs, chacun gère cette période intense de manière radicalement différente.
Sortie : le 13 janvier 2016
Durée : 1h38
Réalisateur : Eva Husson
Avec : Finnegan Oldfield, Marilyn Lima, Daisy Broom & Lorenzo Lefebvre
Genre : drame