Avec : Salomé Villiers, Raphaëlle Lemann, Philippe Perrusel, Bertrand Mounier, François Nambot et Etienne Launay.
Tous les jours à Avignon, Théâtre du Roi René à 17h45
Au théâtre du Roi René, la file d’attente est longue pour voir Le jeu de l’amour et du hasard de Salomé Villiers. Olivier Bugaud avait déjà beaucoup apprécié la pièce en avril lorsqu’elle jouait au Lucernaire. Et pour cause, c’est un spectacle qui vaut le détour pour son modernisme et sa singuliarité.
Quelques éléments de contexte : cette pièce de Marivaux, écrite dans la première moitié du XVIIIème siècle, est une comédie en trois actes dont le propos est basé sur un énorme quiproquo. Dans l’histoire, il y a la belle Silvia qui est promise au jeune Dorante. Mais celle-ci n’étant pas sûre d’elle, elle choisit d’échanger sa place avec sa servante Lisette afin d’observer les moindres réactions de Dorante. Pas de chance, lui aussi de son côté va se faire passer pour son propre valet, le grossier Bourguignon (ou Arlequin). Au beau milieu de cette mascarade, il y a également le père de Silvia Monsieur Orgon, et son frère, Mario. Eux seuls sont au courant de toute la supercherie qui se déroule autour d’eux.
Salomé Villiers a réalisé une prouesse : moderniser à merveille cette comédie classique. On est bien loin des fastes et des costumes du siècle des lumières : ici, Monsieur Orgon porte des pantoufles ridicules et le faux Dorante se pavane avec ses lunettes de soleil bling-bling et sa chemise à fleurs. Le ton est actuel, les gestes aussi. Des scènes filmées sur fond de musique rock’n’roll viennent ponctuer avec fluidité le spectacle. C’est intelligent, drôle et plaisant. Si la pièce dure quand même presque deux heures, on ne les voit pas défiler. Côté comédiens, aucune erreur de casting : Salomé Villiers interprète avec puissance le rôle de Silvia, Raphaëlle Lemann (Lisette) et Etienne Launay (Arlequin) forment un duo explosif et hilarants, François Nambot est charmant dans le rôle de Dorante. Et quant à Philippe Perrussel (Monsieur Orgon) et Bertrand Mounier (Mario), ils apportent une touche de fraîcheur et de rires supplémentaire au spectacle.
C’est un sans-faute pour la jeune Salomé Villiers, qui précise aimer l’auteur car « le propos de Marivaux résonne par ses personnages forts de caractère pris aux pièges entre leurs désirs profonds et leurs désirs d’amour ».
A voir absolument à Avignon puis dès le 31 août au théâtre du Lucernaire, à Paris.