D’après une histoire vraie, un livre de Delphine de Vigan
Delphine de Vigan raconte une parenthèse de sa vie avec son livre D’après une histoire vraie. Ce n’est pas ce que l’on appelle une autobiographie car en fait, qui nous dit qu’elle raconte sa propre histoire, une histoire vécue ? C’est le récit d’une histoire peu commune, sa rencontre avec L. Rencontre d’une amitié, relation particulière. Et qui devient dangereuse. Ce qui est sûr c’est que cela pourrait être probable. Très probable. L. est une femme, qui lui ressemble étrangement, et dont le nom, et prénom ne seront jamais dévoilés tout au long du livre. L. est un nègre, un écrivain qui écrit à la place des autres, mais qui reste dans l’ombre. D’après une histoire vraie, est un roman qui ressemble davantage à un triller psychologique qu’à une autobiographie. Vous serez entrainé, comme Delphine l’a été, dans le tourbillon infernal de L. Et jusqu’où ?
L’écriture de Delphine de Vigan est toujours aussi limpide et facile à lire. D‘après une histoire vraie commence comme une autobiographie. Delphine nous confie un bout de sa vie et bien sûr, on se passionne pour elle. Dans son dernier roman, Rien ne s’oppose à la nuit, elle nous avait confié ses histoires familiales, vraies. Roman centré surtout sur sa mère qui souffrait de troubles bipolaires. Un roman qui nous a marqués et elle encore davantage !
L. paraissait gentille avec Delphine, aux petits soins mais en fait, elle la détruisait de l’intérieur.
On pourrait penser que D’après une histoire vraie est la suite logique de Rien ne s’oppose à la nuit. Pas vraiment, mais un peu tout de même. Elle dit recevoir, régulièrement, des lettres anonymes d’insultes suite à ce fameux livre sur sa famille. Des insultes très fortes qui finissent par la détruire de l’intérieur.
Mais le cœur du livre de Delphine reste la relation qu’elle a avec cette femme L. L. s’impose à elle, de façon incroyable et très vite, sans vraiment comprendre comment cela a été possible, L. prend possession de Delphine. Possession de son appartement, de son ordi, de ses affaires personnelles. C’est L. qui va diriger sa vie, répondre à ses mails, payer les factures en imitant la signature de Delphine et même aller rencontrer des lycéens à la place de Delphine. Elle va même envoyer un mail aux amis de Delphine leur demandant de ne plus la déranger, qu’elle doit écrire… Et ce, dès le premier jour de son installation chez Delphine. Installation aussi soudaine qu’inattendue. Tout semble bizarre dans la vie de L. Mais Delphine est large d’esprit et généreuse.
Apparemment L. paraissait gentille avec Delphine, aux petits soins mais en fait, elle la détruisait de l’intérieur : En apparence, elle me portait, me soutenait, me protégeait. Mais en réalité, elle absorbait mon énergie. Elle captait mon pouls, ma tension, et ce goût pour la fantaisie qui pourtant ne m’avait jamais fait défaut. p.320
Ce n’est qu’au bout de plusieurs semaines que Delphine se rend compte du côté malsain de sa relation avec cette femme : Quiconque a connu l’emprise mentale, cette prison invisible dont les règles sont incompréhensibles, quiconque a connu ce sentiment de ne plus pouvoir penser par soi-même, cet ultrason que l’on est seul à entendre et qui interfère dans toute réflexion, toute sensation, tout affect, quiconque a eu peur de devenir fou ou de l’être déjà, peut sans doute comprendre mon silence face à l’homme qui m’aimait. p.324
Tout au long du livre, la pression monte et l’on est, nous simples lecteurs, pris dans un engrenage infernal. On se sent oppressés. D’une façon incroyable. On ressent très fortement cette relation et on pressent que cela va mal se terminer. Le livre est remarquablement écrit. Vrai, tellement vrai ! Il est vrai que Lionnel Duroy écrit les autobiographies des stars, et entre autres, celles de Depardieu. Toutes les références littéraires sont vraies également. Alors, on commence la lecture du roman D’après une histoire vraie pour ne plus le quitter. Et la fin est aussi surprenante que l’intrigue psychologique dans laquelle on a été plongé durant tout le roman. Qui est L ? Existe-t-elle vraiment ? Qui est Delphine de Vigan ? Quelle est celle qui prend possession de l’Autre ? Et si D’après une histoire vraie n’était pas une histoire vraie, mais pas du tout ? Peu importe, ce livre nous a passionnés et rend compte des sentiments de l’écrivain face à sa page blanche ou face à son ordinateur, seul, en face de l’immensité de sa tâche… Le tout dernier mot du livre nous délivre sa propre réponse…
Au final, on est content que Delphine de Vigan ait reçu le Prix Renaudot 2015 ainsi que le Prix Goncourt des Lycéens 2015. Une très belle réussite tant sur le plan littéraire que psychologique voire tout simplement humain.
« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L. est le cauchemar de tout écrivain.Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser.»
Quel livre !!
Je l’ai acheté suite aux commentaires sur internet. Eh bien quelle erreur. C’est de la litterature de bourgeois snob , pédant sans intérêt. Comment peut on publier de tels bouquins…
tres beau site
Merci beaucoup Zee ! Un tel commentaire nous fait très plaisir !