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Deleuze / Hendrix ou le précipité pop philosophique d’Angelin Preljocaj

 

Deleuze / Hendrix ou le précipité pop philosophique d'Angelin Preljocaj
Le nouvel opus d’Angelin Preljocaj-photo © JC Carbonne

Pas certain que Gilles Deleuze (1925-1995) ait écouté Jimi Hendrix (1942-1970). Hendrix le guitariste a-t-il lu Deleuze le philosophe ? Qu’importe ! Fasciné par les thématiques liées à la transcendance des corps, Angelin Preljocaj s’empare ici des enregistrements audio des cours de Deleuze dans les années 80 et de l’emportement électrique de la guitare de Jimi Hendrix qu’il confronte à la danse.

Une figure intellectuelle de la contestation de 1968 qui irrigue une pensée libre et un musicien novateur qui a fait basculer l’art de la guitare et la musique rock dans une autre dimension, tel est donc le duo choc et osé qui sert de fil rouge à ce nouveau geste chorégraphique. Dans cette archive sonore qui accompagne la chorégraphie, Deleuze traite avec humour et pertinence les réflexions menées par Spinoza autour de la question du corps et du mouvement dans son emblématique Éthique.

Et de ce mouvement de la pensée, processus perpétuel de remise en question, le chorégraphe l’applique à la danse où le corps sur scène est une onde vibratoire qui résonne avec l’espace et lui imprime une matérialité. Où s’expérimente la brûlure de vivre. Le goût du chorégraphe pour la philosophie lui avait déjà inspiré Empty moves, où la musique de John Cage déconstruisait par phonèmes l’essai de Henry David Thoreau « La désobéissance civile ».

Un précipité pop philosophique  

Le travail sur la voix apparaît aussi fréquemment dans ses créations : en 2012 ce sont les mots de Laurent Mauvignier qu’il questionnait avec ferveur dans “Ce que j’appelle oubli”.

Aujourd’hui avec huit interprètes (4 hommes / 4 femmes), Angelin Preljocaj en résonance avec le philosophe, fait se percuter une grammaire des corps et une expérience de la pensée. Les guitares débridées de Jimmy Hendrix alternent avec la bande son où la musique permet de contrebalancer les concepts décrits par Deleuze à l’abri d’une sensualité des corps et d’une chorégraphie propre à l’évocation du cycle de la vie : sexe, naissance, mort, et éternité.

Sur la scène, on y retrouve les corps investis des danseurs, entre complexes enchevêtrements et/ou duos, solos, qui impriment une danse physique et animale, portée par toute la dimension charnelle et émancipatrice de l’esprit vif du penseur et de l’élan irrépressible de la culture pop. Le tout est orchestré dans une esthétique ardente des corps sculptés par les créations lumières de Eric Soyer, et au plus près des rapprochements ou des évitements et des ruptures de rythme qui embrasent le plateau.   

Dates : du 20 au 23 octobre 2021 – Lieu : 104 (Paris)
Chorégraphe : Angelin Preljocaj 

NOS NOTES ...
Originalité
Chorégraphie
Prestation des danseurs
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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