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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

Une École de danse d’une troublante modernité à la Comédie-Française

Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.

Dans les pas de Pasolini, une troupe intrépide à l’Odéon

Il fallait oser s’attaquer à "Pétrole", le roman-magma inachevé, la dernière colère de Pasolini. Sylvain Creuzevault, lui, n’ose pas : il exhume. Il déterre le livre comme un cadavre encombrant, le déplie sur le plateau et montre tout ce que la société préfère refouler : la noirceur du pouvoir, la lubricité des dominants, la violence diffuse qui irrigue nos démocraties dégénérées.

Poétique amusée d’une galerie conceptuelle : Philippe Quesne en terrain conquis

Il y a chez Philippe Quesne cette folie rare, paradoxale : celle de transformer la satire en matière à rêver. "Le Paradoxe de John", nouvelle création du Vivarium Studio, s’avance ainsi comme un drôle d’objet, à mi-chemin entre la performance d’art contemporain, la poésie sonore et la comédie douce-amère.

Rester debout : l’art discret de Sharon Eyal

Avec "Delay the Sadness", Sharon Eyal poursuit une exploration du corps en tension, mais elle y ajoute une dimension inattendue : une douceur lente, presque récalcitrante, qui fait basculer la pièce du côté d’une résilience en mouvement.

« Tosca » selon Pierre Audi : quand des voix d’apparat transfigurent la croix du drame

Dès l'ouverture, l’Opéra Bastille s’emplit d’un souffle tendu : les premières notes de Puccini montent comme un glas, annonçant un drame où les destins sacrés et profanes vont s’entrelacer. Sous la baguette d’Oksana Lyniv, l’orchestre vibre avec une précision d’orfèvre qui ménage la grandiloquence de la partition, sans jamais en sacrifier le mystère.

Le Munstrum Théâtre fait vaciller la nuit avec son « Makbeth » décapant

Avec "Makbeth", le Munstrum Théâtre ne se contente pas d’entrer dans Shakespeare : il l’ouvre, il l’écorche, il en fait un organisme vivant — palpitant, instable, traversé de secousses venues de notre présent. Louis Arene et Lionel Lingelser signent un spectacle qui ressemble moins à une tragédie qu’à une vision : un monde à moitié calciné où le pouvoir est une maladie, la prophétie un parasite, et les héros des corps en mutation permanente.

« Oh les beaux jours » – élégie pour une femme qui parle encore dans la lumière

Il y a, dans ce "Beaux jours" d'Alain Françon, quelque chose qui ressemble à une invocation. Comme si la scène n’était plus seulement un plateau, mais un cercle tracé pour appeler les forces lentes, les forces anciennes, celles qui murmurent sous la conscience et qui ne parlent qu’à ceux qui savent se tenir immobiles face à la lumière.

Pekka Halonen au Petit Palais : la Finlande comme territoire intérieur

Au Petit Palais, Pekka Halonen ne se dévoile pas tout de suite. Il préfère s’approcher en silence, comme la lumière d’hiver qui glisse entre les branches avant de toucher la neige. On avance dans la première salle et quelque chose se décante en soi, presque imperceptiblement.

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Il arrive que le théâtre ressuscite des œuvres qu’on croyait promises à l’oubli. Avec "L’École de danse", Clément Hervieu-Léger réalise précisément cela : redonner souffle à une comédie que Goldoni retira de l’affiche après deux malheureuses représentations. Un naufrage originel, devenu aujourd’hui matière à renaissance.

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