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Amaury Jacquet

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

« L’Evénement » d’Annie Ernaux et les mots pour le dire de Marianne Basler

Depuis 35 ans, Annie Ernaux, lauréate du prix Nobel de littérature en 2022, se raconte, elle, son père, sa mère, ses amants, ses années, et là, dans ce récit intime présenté sur scène, l’avortement clandestin qu’elle a subi en 1964, et qui faillit lui coûter la vie. Elle était alors une étudiante de 23 ans.

« Biographie : Un jeu » : un destin recomposé au Théâtre Marigny  

Bernard Kürmann a la chance, ou le fardeau, de pouvoir rejouer sa vie : fautes, joies et peines... Au cœur de ce fatras, il croit distinguer le nœud de son malheur dans la rencontre qui l’attacha à une femme, sa femme, Antoinette, et s’emploie à en conjurer l’événement. Comment ne pas la rencontrer ? Comment ne pas l’aimer ? Comment ne pas en mourir ? Dès lors, il va rejouer les scènes de sa vie, pour tenter d’en déjouer le cours et la chute, sous l’égide d’un troisième personnage, ordonnateur/metteur en scène intempestif de ce vertige biographique…

Une « Mouche » impayable aux Bouffes du Nord

Dans son garage, Robert met au point une machine à téléporter… Il suffira d’une petite mouche aventureuse pour déclencher la "métamorphose"  de l’apprenti sorcier Christian Hecq tout droit sorti de l’univers des Deschiens...Tout un programme !

« Le Silence » et son écho au Vieux-Colombier

Dans l'économie de paroles, un autre rapport à la vérité se dévoile" écrivent Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix, les auteurs de ce spectacle radical et habité. Un drame sans dialogue, inspiré du cinéma d'Antonioni et dans lequel le spectateur, plus libre que jamais, compose la narration. Car le spectateur est dans la position d’un enquêteur dont le parcours est jalonné par des moments-clés, où c’est à lui d’agencer à sa guise et selon son propre ressenti, les pièces d’un puzzle dont le dessin se précise peu à peu tout au long de la représentation.

“La Mouette” de Brigitte Jaques-Wajeman, un vol captivant

Dans La Mouette, Anton Tchekhov (1860-1904) fait de l’art et de l’amour le terrain de prédilection des passions inaccomplies et des désillusions. Celles notamment de Nina, une jeune fille qui rêve d’être actrice mais dont la vocation sera détruite par une trahison amoureuse, ou celles de Constantin Treplev, épris de Nina qui en regarde un autre. Treplev est jeune auteur épris d’absolu en quête de reconnaissance et de l’amour d’Irina, sa mère, comédienne célèbre, qui le méprise ouvertement et n’a d’yeux que pour l’écrivain en vogue, Trigorine, son amant. Une relation fils/mère irrésolue qui aurait à voir avec la tragédie d’Œdipe et dont les contours qui irriguent toute l’intrigue sont aux prises avec des destins contrariés et opposés.

« Poquelin II » ou Molière en flamand dans le texte par les Tg Stan !

Le collectif flamand tg STAN connaît bien l’œuvre de Molière. En 2003, il créait Poquelin, un spectacle qui puisait son matériau dans plusieurs pièces du génie comique du 17e siècle : Le Médecin malgré lui, Sganarelle et Le Malade imaginaire. Selon le même procédé, il récidive aujourd’hui avec Poquelin II, un montage de passages empruntés au Bourgeois gentilhomme (1670) et à L’Avare (1668). Dans ces deux pièces, Molière pointe l’inanité de quêtes ridicules : celle de M. Jourdain, un bourgeois aisé et vaniteux — un nouveau riche, dirait-on aujourd’hui —, qui multiplie les efforts pour imiter le style de vie de la noblesse ; celle d’Harpagon, à ce point obsédé par l’argent qu’il se mue en usurier et en tyran domestique prêt à sacrifier le bonheur de ses enfants. Autant d’absurdes petits arrangements financiers et moraux qui constituent le fil rouge du spectacle.

« Ils nous ont oubliés » : le grand geste de Séverine Chavrier

L’œuvre de Thomas Bernhard brûle d’une rage dévastatrice et se débat à la fois contre et avec le poids d’une culture empreinte de traditions, de chaos et de contradictions. Une hargne propre à dénoncer la persistance et le camouflage des réflexes et des tentations fascisantes, tout comme des traumas liés à l’histoire trouble du XXème siècle. C’est encore cette douleur ravageuse qui est à l’œuvre dans "Ils nous ont oubliés" où à travers un redoutable huis-clos s’explore toutes les névroses, frustrations et empêchements que provoque le couple et son enfermement mortifère.

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