Dernier train pour Busan – Le blockbuster de l’été
L’histoire
Tout commence sur une route de campagne déserte, un éleveur de porcs coréen est au volant de sa camionnette. A son grand étonnement, il doit faire face à un check point plutôt consistant où des hommes fluorescents passent au détecteur son véhicule. Des souvenirs reviennent à lui, ainsi qu’une grande crainte et colère à fois, il ne veut pas qu’on liquide son bétail comme il y a quelques années suite à la fièvre aphteuse. Il repart apaisé quand on lui dit qu’il ne s’agit aucunement de cela.
Malheureusement, sa chance ne dure pas car il écrase rapidement un faon par inadvertance, celui-ci sans doute désorienté par le manque de trafic ambiant. Pas de dégât, il,repart. Et quand le véhicule s’éloigne dans un plan aussi graphique et soigné, mettant en avant des lignes de fuite magnifiques et un paysage vide qui interpelle, on ne peut que penser à la catastrophe de Fukushima. Le craquèlement d’os et le redressement spectaculaire du faon en plus, les yeux vitreux. Spectaculairement beau.
Cinéma coréen
A l’image de son introduction aussi minimale que captivante, ce premier film signé Yeon Sang-ho, Dernier train pour Busan est le digne héritier des grands noms du cinéma coréen qui ont su taper très fort dès leurs débuts tel Park Chan-wook, Kim Jee-woon ou encore Bong Joon-ho. Des réalisateurs qui ont tous en commun une très grande exigence tant formelle que narrative, sachant parler au public occidental tout en encrant profondément leurs oeuvres matricielles dans leur Corée du Sud.
C’est aussi le cas ici. Alors que le spectateur a été mis dans la confidence qu’il se déroule quelque chose d’étrange, on se retrouve plongé dans le quotidien tumultueux et chronophage d’un boursicoteur, Seok-woo. Son adorable petit fille Su-an, à la langue bien pendue, lui fera remarqueer avec justesse qu’il rate sa vie personnelle à cause de son ambition. Critique à peine déguiser de l’obsession capitalistique de nos cultures qui tendent à faire passer constamment la réussite professionnelle avant l’épanouissement familial. Celle-ci reviendra tout du long dans une sorte de fil rouge à travers les répliques de plusieurs personnages différents telle une rengaine emplie de bon sens.
Le fameux train KTX
Et donc ce fameux train KTX vers Busan. C’est celui que décide de prendre aux aurores père et fille pour que celle-ci célèbre son anniversaire avec maman. C’est aussi le dernier qui quittera la gare de Séoul. Jouant avec son public et ses personnages, Yeon Sang-ho continue à titiller notre curiosité en montrant des explosions ou autres attaques que Seok-woo et Su-an ne voient pas par inattention, ou tout simplement en sorte d’aparté. Comme l’entrée clandestine d’une jeune fille souffrante dans le train à la toute dernière seconde avant la fermeture des portes.
Et c’est là que l’ouragan de scènes d’action démentielles débarque. Un enchainement de plan de toute beauté joint à l’exigence narrative qu’est le huis clos à cause du train. Ce début d’invasion zombie, puisque c’est de cela qu’il choisit est totalement fou ! La contamination est plus ou moins rapide tout dépend de l’endroit où on est mordu. Le cerveau étant le centre névralgique pour le déclenchement du tourbillon de violence. Des montagnes de corps s’escaladent dans une frénésie qui fait alors craindre pour la durée du film tant l’invasion avance vite.
Mais, c’est sans compter sur leur incapacité à ouvrir des portes. Ouf. Du répit. Et des répliques qui vont bien avec des personnages loin d’être dessinés à la craie comme chez l’Oncle Sam pour de telle production (L’armée des morts). Certes on est pas non plus chez Aaron Sorkin, mais tout le long de ces deux heures de quasi-huis clos, on aura rarement vu autant de psychologie et d’empathie envers des protagonistes de film de genre. Dernier train pour Busan sait comment rendre le destin de tous non négligeable. On passe alors son temps à avoir le palpitant qui bat à fond.
On en prend plein les mirettes à travers des scènes d’action qui n’ont rien à envier niveau suspense, effets spéciaux et coefficient de spectacularité à n’importe quel film de super (z)héros US.
Yeon Sang- ho
Yeon Sang- ho filme son invasion de zombie avec une inventivité sans cesse renouvelée avec une identité visuelle propre qu’il a su acquérir dans son parcours animé. Jusqu’à l’ultime plan final, on restera scié par tant de beauté, de maitrise et de savoir faire. Et surtout une dramaturgie exemplaire mêlant habilement nihilisme et espoir. Un très grand film qui rend parfaitement hommage aux maîtres du genre : George Romero, pour son intrigue mêlant politique et intime, et Danny Boyle, pour la maestria visuelle et la frénésie.
Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l’état d’urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu’à Busan, l’unique ville où ils seront en sécurité…
Sortie : le 17 août 2016
Durée : 1h58
Réalisateur : Sang-Ho Yeon
Avec : Gong Yoo, Kim Soo-Ahn , Yu-mi Jeong
Genre : Action, Fantastique
Un peu de World War Z, un peu de 28 jours plus tard, un peu de Snowpiercer, ce Dernier Train pour Busan ne manque pas de rythme mais n’invente pas grand chose. La réflexion sur la lâcheté humaine est un plus, le stress est savamment distillé. Plaisant mais pas inoubliable pour autant. 3/5.