Un éclairage éblouissant au Grand Palais sur le riche parcours de Kupka, un peintre hors du commun
L’exposition Kupka, pionnier de l’abstraction ouvre une lucarne surprenante sur une carrière insuffisamment connue dans nos contrées. Car le peintre tchèque František Kupka, à l’instar du russe Vladimir Kandinsky et de la franco-ukrainienne Sonia Delaunay, a creusé son art de manière totale et sans concession, passant de l’art figuratif au symbolisme jusqu’à l’abstraction dans un déroulé épique qui fait comprendre ce qu’est l’exigence artistique. Le parcours offre 300 peintures, dessins, gravures, livres et documents pour mieux connaitre un individu engagé de manière totale dans toutes ses activités artistiques et humaines.
Une recherche constante de la vérité
Le sentiment final prépondérant à la fin de la visite est simple: quel homme, quelle carrière! Impossible de ne pas rester admiratif devant une existence si copieusement abondante. L’art de Kupka est à l’image de l’homme, toujours curieux, toujours en éveil, toujours porté vers l’avant à la recherche de la vérité. Entre son engagement dans la légion tchèque pendant la première guerre mondiale et l’évolution de son art, le même constat se dessine que Kupka ne faisait pas les choses à moitié. Depuis son entrée à l’école des Beaux-Arts de Prague en 1889, l’artiste a creusé le sillon de son art avec toujours la même exigence. S’il débute par des personnages dépeints dans des décors oniriques et symboliques, il se dirige de plus en plus vers l’art non-figuratif avec le constat que l’artiste ne doit pas représenter l’homme et le monde sous peine d’immanquablement se mentir et mentir. C’est la raison pour laquelle Kupka multiplie les oeuvres dénichées au plus profond de lui-même, car comme il le clamait Vous avez oublié que le sens des couleurs se trouve en vous-mêmes. C’est là qu’il faut aller le chercher. Au fur et à mesure du parcours, les formes se font de moins en moins figuratives pour voguer vers des univers colorés, géométriques, vaporeux ou dynamiques, le visiteur sent un esprit fiévreux imaginer des compositions enflammées pour faire décoller le spectateur dans des univers inédits. Car une oeuvre de Kupka ne ressemble à rien d’autre qu’à elle-même.
Un parcours plein de sens
Certains se souviendront de l’exposition Mondrian / De Stijl organisée au Centre Pompidou en 2010, le public découvrait que le peintre avait imaginé ses célébrissimes carreaux blancs entourés de noir à la toute fin de sa carrière, après une vie entière de recherches. L’exposition Kupka donne le même sentiment avec l’impression persistante d’un travail acharné toute une vie durant pour aboutir à une véritable révolution picturale. Si le parcours n’avait pas été chronologique, l’exposition aurait perdu de sens sans faire comprendre le cheminement intellectuel du peintre, ce que l’évènement au Grand Palais réussit parfaitement. Chacune des périodes de travail de Kupka est exposée avec un luxe de commentaires explicatifs qui précisent avec un niveau adéquat de détails ce qu’il est important de comprendre et de garder à l’esprit. Au bout d’une heure de visite, l’esprit est tout plein d’oeuvres plus flamboyantes les unes que les autres. Pour preuve de la complétude de l’exposition, elle est organisée par la RMN-Grand Palais en partenariat avec le Centre Pompidou à Paris, la Národní Galerie v Praze à Prague, et l’Ateneum Art Museum à Helsinki. La preuve d’une véritable volonté de ne rien oublier pour mieux cerner les intentions d’un artiste hors norme que l’exposition ranimera dans l’esprit de tous les visiteurs.
L’exposition Kupka, Pionnier de l’abstraction au Grand Palais fait découvrir un univers pictural qui ravira nombre de spectateurs avec un parcours toujours intéressant et des oeuvres qui ne s’effaceront jamais.
Dates : du 21 mars au 30 juillet 2018
Lieu : Grand Palais (Paris)
Entrée : 14 €