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« En attendant Godot » de Samuel Beckett, mise en scène par Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Marcel Bozonnet, à Paris

EN ATTENDANT GODOT

© Tristan Jeanne-Valès

Théâtre de l’Aquarium du 3 au 29 mars 2015
La cartoucherie
route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
[pull_quote_center]Une traversée d’une densité rare portée par un supplément d’âme[/pull_quote_center]

 « En attendant Godot » de Samuel Beckett est un texte fondateur mettant en scène la tragédie de l’existence et la déraison du monde dans laquelle l’humanité se perd. Absurdité donc de la condition humaine où attendre Godot c’est espérer que cela va changer alors que cet espoir est vain.
Jean Lambert-wild, directeur de la Comédie de Caen, Marcel Bozonnet, artiste associé, et Lorenzo Malguerra, artiste d’origine suisse, signent la mise en scène de ce chef d’œuvre dont ils réactualisent avec force le propos très actuel à travers le destin des deux vagabonds, Vladimir et Estragon, candidats à un avenir impossible. 
 Deux hommes sont seuls au milieu de nulle part à la tombée de la nuit et attendent quelqu’un, Godot. Cet homme providentiel — qui ne viendra jamais — leur a promis qu’il serait au rendez-vous. En l’attendant, les deux amis tentent de trouver des occupations, des « distractions », des diversions pour combler le vide et cette interminable attente. Ils sont à l’affût du moindre divertissement et leur dialogue est traversé de quiproquos, d’incompréhensions, d’insignifiance, de faux espoirs, sans cesse répétés et renouvelés.

Les deux personnages rappellent les couples interdépendants célèbres comme Sganarelle et Don Juan ou Don Quichotte et Sancho Panza ou encore Alex et Zavatta, Laurel et Hardy mais aussi une forme de dualité : le père, le fils, l’esprit, le corps.

L’incarnation des deux éclopés par Fargass Assandé et Michel Bohiri, acteurs ivoiriens, qui nous renvoie à tous les laissés pour compte d’aujourd’hui sonne d’une grande justesse. Ils sont magnifiques d’intensité avec cette capacité inouïe à inscrire leur jeu dans une immédiateté et une réalité qui font entendre comme jamais les mots de Beckett et cette humanité confisquée, confrontée à une errance et à une perdition de l’être.

Hérésie d’un monde irréconciliable qui voit se rencontrer nos deux accidentés de la vie et ce couple maître-esclave interprété par Marcel Bozonnet (vibrant) et Jean Lambert-wild (incandescent) où se mettent à jour les rapports de force et la mise en abîme de toutes les détresses humaines, à la fois victimes et bourreaux.

Jean Lambert-wild est un poète de la scène. Les images créées par le co-metteur en scène (le chapeau penseur qui s’éclaire ou encore les chaussures abandonnées qui changent de couleur comme par magie) ainsi que la gestuelle concrète, rythmée des acteurs mobilisent complètement le spectateur, propice à un questionnement en profondeur et universel sur notre époque.

Une traversée d’une densité rare portée par un supplément d’âme…

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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