Eternité, un véritable choc cinématographique
Un seul mot suffit à résumer le sentiment du spectateur éberlué à la fin de la séance d’Eternité : magique. Tout dans le film subjugue, des actrices fascinantes, des images d’une beauté rare, une mise en scène léchée et millimétrée. Le réalisateur Tran Anh Hung façonne un long métrage onirique et laisse ses acteurs en liberté pour livrer un récit familial dramatique et émouvant. La vie même est restituée dans un déroulé authentique où les coups du sort alternent avec des images de quotidien simples et profondes. Le film de l’année ? Peut-être…
Si les critiques consultées de ci de là laissaient craindre un film long et ennuyeux, les premières minutes font rapidement s’envoler les appréhensions. La magie s’installe instantanément dans ce récit de famille sensible et délicat. Tran Anh Hung fait le choix de la langueur pour scruter le quotidien d’une famille à travers les âges. De la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours, les joies et coups du sort se suivent dans une chorégraphie parfaite. Du grand art.
Une voix off ensorcelante
A la manière du célébrissime Barry Lindon de Stanley Kubrick, une voix off avertit des évènements à venir. L’attention du spectateur ne se porte donc plus sur le sentiment de surprise mais sur l’esthétique, la forme, ce sentiment vaporeux d’éternité. Car si le film avertit très tôt que tout passe et que l’existence peut s’envoler à chaque instant, l’inévitable fugacité de la vie humaine s’inscrit dans un éternel recommencement. Les personnages naissent et disparaissent, vivent des moments de joie ou d’abattement, mais la vie reste toujours la plus forte. Et tandis que cette voix lancinante étrenne les textes profonds et poétiques de l’ouvrage L’Élégance des veuves d’Alice Ferney paru en 1995, c’est un véritable spectacle qui se déroule sur l’écran.
Omniprésente et lancinante bande son
Le film privilégie l’économie de dialogues pour mettre en avant des mélodies de piano évocatrices et lourdes de sens. Tran Anh Hung ne ménage pas le spectateur avec Bach, Chopin, Debussy ou Ravel égrénés tout au long de l’action. Plutôt que d’insister sur des émotions hollywoodiennes superfétatoires et excessives, les sentiments sont rentrés et la bande son prend le soin d’apporter cette nécessaire émotion cinématographique. Par petites touches et en toute pudeur, le réalisateur laisse le fil de la vie se tisser sans rien vouloir y apporter d’autres que de la profondeur.
Des acteurs en liberté
Le choix du réalisateur de s’affranchir des règles contraignantes de tournage surprend. Sans donner d’indications aux acteurs, il les a laissés s’ébattre en liberté pour capter des situations et les agréger bout à bout. Au risque de l’incompréhension et surtout de finir certaines journées de tournage sans aucun matériel tangible. Pour un film basé sur la l’émotion et la liberté. Les 3 actrices Audrey Tautou, Mélanie Laurent et Bérénice Bejo naviguent dans les pièces de demeures bourgeoises, dans des jardins luxuriants ou dans des paysages paradisiaques avec toujours la même légèreté. Loin de paraitre surjoué ou millimétré, le film ressemble à une respiration dans le cinéma contemporain. Les liens entre les personnages atteignent une dimension d’universalité et d’intense empathie. A-t-on jamais aussi bien filmé les liens entre une mère et ses enfants ?
Un film mal compris ?
L’atmosphère délicieusement surannée du film s’inscrit dans une époque différente et une classe sociale supérieure. Matériellement à l’abri du besoin, ces femmes ne travaillaient pas et enfantaient de longues lignées. Car le film montre bien la fragilité de la vie humaine à une époque où les progrès de la médecine n’avaient pas encore atteint leur efficience actuelle. Pour 6 ou 7 enfants mis au monde, 3 ou 4 devaient mourir de maladies infantiles, d’accidents ou à la guerre. L’éternité soulignée dans le titre du film tient autant dans la force des sentiments que dans la perpétuation de la lignée familiale. De l’arrière grand-mère Audrey Tautou jusqu’à cette jeune fille courant sur le Pont Alexandre III, c’est un siècle de tragédies qui s’effacent devant les grands principes humains. Naissance, vie, mort, l’essentiel est mis tout en haut des contingences humaines.
Des images éblouissantes
La fascination est également transmise par l’art du réalisateur pour restituer sa vision. A se demander si un travail digne de photoshop n’a pas contribué à aviver les couleurs et les lumières pour les faire paraitre presque irréelles et oniriques. Ralentis et flashbacks permettent de faire ressortir ces liens ineffables entre les êtres. A chaque disparition, une séquence avive un souvenir ancré dans l’esprit des survivants. Comme pour graver dans le marbre l’existence du disparu et souligner le sentiment de perte. Le procédé se répète pendant tout le film, avec une récurrence émouvante et dramatique.
Tran Anh Hung réalise un film étalon du cinéma contemporain, donnant à la famille une place centrale dans l’existence humaine. L’émotion et l’empathie affleurent à chaque plan. La beauté se fait film, le film se fait universel. On touche au sublime. Elle est retrouvée. Quoi ? L’éternité.
Sortie : le 7 septembre 2016
Durée : 1h55
Réalisateur : Tran Anh Hung
Avec : Audrey Tautou, Mélanie Laurent, Bérénice Bejo, Jémérie Renier
Genre : Drame
je viens de voir le film. Quel ennui! Aussi triste que le destin de ses protagonistes. On se demande ce qu’une actrice de talent comme Bérénice Béjo est allée faire dans cette galère. Des mimiques forcées pour pallier l’absence de dialogue, une bande-son sirupeuse. Bref, passez votre chemin.
ne suis pas d’accord!!ai trouvé le film un peu « chiant »!!!toujours le même genre de scènes, trop « léchées »!!!il n’y a jamais d’autre saison que l’été chez ces gens là???pas d’école, pas de travail???pas de distractions??? pourquoi vivent-ils « en vase clos »???mis à part leurs éventuels soucis de santé, aucun souci, et la 2ième guerre mondiale??a-t-elle existé??? je concède qu’il y a une vraie vision esthétique de ces gens_là et de la beauté en permanence!! mais trop de beauté tue la beauté!!je n’ai pas bien compris ce que cherche à nous dire la réalisatrice!! pourquoi faire quasiment « disparaître » Audrey Tautou?? il aurait pu être intéressant de voir les rapports de la grand-mère avec ses petits_enfants!!!rien!! à croire que la vie se résume à des naissances et à des rencontres sentimentales!! dommage!!!
Surtout abstenez vous de ce film facile et mortellement ennuyeux. Méli mélo de bons sentiments, abus des ralentis, de scènes les plus convenues, sans parler de cette commentatrice si ennuyeuse ! Vraiment à fuir, la seule chose ressentie est un mortel ennui qu’on décèle des les 5 premières minutes, et cela ensuite pendant une heure et demi. 11.5 euros de perdus.
Une pure merveille. Un film qui nous pousse à regarder nos enfants à la sortie de la salle, l’envie de leur dire notre ressenti, mais les mots manquent.
Un film que les hommes auront du mal à comprendre ou à apprécier, de même que les femmes qui n’ont pas d’enfant auront des difficultés à saisir la pureté du moment.
Un bijou! hors du temps, et à prendre ou à laisser… On y retrouve la contemplation, la famille, la douceur, la tendresse, le temps qui se suspend, la vie qui passe, la mélancolie, thèmes déjà chers au réalisateur dans ses précédents films. Mais aussi beaucoup d’amour, et des tonnes de bisous, ce qui est plutôt rare dans le cinéma .
La grande beauté de l’image, des décors, des costumes, des lumières, des plans, est époustouflante. L’ esthétisme est poussé à son paroxysme, telle celui de ses films asiatiques précédents. Un film simple, à ressentir, à admirer, sans chercher à tout expliquer. Il s’agit de ressentir la douceur, la beau, la paix, les joies liées à la naissance et à l’enfance, la perte, le deuil. J’en suis sorti tout bouleversé, convaincu de l’importance d’être conscient de chaque petit moment simple de bonheur de sa vie. Un très bon shoot de zénitude et de tendresse, en toute retenue…
Un film magnifique plein de langueur mais qui reflète l’époque à laquelle il se situe sans nul doute. Des images sublimes, des couleurs et paysages somptueux l’impression d’être dans une galerie d’art ou un musée le tout accompagné d’une musique qui porte et emporte. Mais aussi une interrogation sur l’évolution sociétale la place de la femme occidentale et son rôle, elle qui n’avait pas le choix de son époux et qui ne pouvait qu’accepter ses nombreuses grossesses. Le plaisir merveilleux de serrer son enfant dans ses bras, la douleur infinie de le perdre, l’amour, la famille, l’éternité …
Une splendeur intemporelle. Vous souvenez-vous du film « L’odeur de la papaye verte » du même réalisateur? Une épure contemplative pleine de charme, je ne me lasse pas de le revoir.
Tout le monde ne peut pas aimer…
Un simple commentaire pour souligner la qualité de cette critique ciné. Certains journalistes devraient s’en inspirer tant les mots choisis sont justes et pertinents, le tout avec beaucoup de poésie, à l’image du film.
Merci Besu!