Le Lucernaire propose une variation saisissante sur l’enfer vécu par les employés de plateformes de travail modernes type Uber. intensification du travail, faible autonomie, appauvrissement des relations sociales, insécurité des situations de travail, les risques sont connus et Florian Pâque s’est basé sur une étude répertoriant les conditions de travail difficiles pour imaginer un spectacle qui parlera à tout le monde. La Plateforme fait miroiter un avenir rose quand la réalité dévoile un décor bien mois rose…
Une belle pièce aux ambitions sociales
Dès l’arrivée des spectateurs dans la salle, le décor dit tout de la place minuscule de l’être humain dans notre monde contemporain aux logiques de profit et non pas de bien-être. Des tours anonymes fabriquées en carton jonchent la scène avec leurs fenêtres éclairées ou pas selon l’heure du jour et de la nuit. 2 personnages sont perchés tout en haut d’une tour qu’on dirait être une de celles du quartier de la Défense. Ils rêvent à des voyages lointains comme à Patong en Thaïlande avec ses plages paradisiaques et ses températures caniculaires, Antoine (troublant de vérité Nicolas Schmitt) partage son rêve et se résout à le réaliser en travaillant pour la Plateforme. L’application mobile promet des salaires croissants et mirobolants en embauchant des chauffeurs de VTC soumis à des horaires de cadence infernales et à de vrais risques pour leur santé. Florian Pâque à l’origine de l’écriture et de la mise en scène multiplie les casquettes, il est l’ami attentif mais impuissant, le père sceptique, mais aussi la personnification de l’application avec ce costume surmonté d’un oeil électronique sans pitié et à la voix déshumanisé rappelant celle de l’ordinateur HAL dans le film 2001, l’Odyssée de l’espace. La pièce décrit les étapes croissantes du cauchemar, des promesses jusqu’à leur négation arbitraire, l’employé se trouve pris au piège des cadences de plus en plus infernales, des frais de plus en plus incompressibles et des revenus taillés en pièce au fur et à mesure de l’accroissement de la part de l’employeur dans les revenus. Avec humour mais aussi avec perspicacité, la pièce dévoile l’envers du décor, le système est fallacieux et l’exploitation redoutable. L’heure du spectacle passe dans un souffle avec cette descente en enfer redoutable et rythmée.
Fourmi(s) soulève bien des questions sur une humanité mise en pièces par un système soi-disant gagnant-gagnat mais qui ne l’est que peu. Basée sur des témoignages récoltés auprès de chauffeurs Uber, cette fable contemporaine interroge et bouscule, vous ne verrez plus jamais de la même manière tous ceux qui sont pris au piège de ce système.
Synopsis: PAS DE PRESSION, PAS DE PATRON !
Sur le toit de la Grande Tour, Antoine regarde les horizons qui s’ouvrent devant lui. Il rêve de s’envoler vers Patong en Thaïlande, loin de sa ville où tous les citadins, vus du ciel, semblent des fourmis à l’ouvrage. Pour Antoine, l’échappatoire serait de devenir chauffeur à son compte et de travailler pour « La Plateforme », une application mobile dont les publicités inondent les réseaux sociaux. Mais La Plateforme tiendra-t-elle toutes ses promesses ? Jusqu’où Antoine sera-t-il prêt à aller pour échapper à sa condition ?
Pas de pression, pas de patron : rejoins la Plateforme !
Détails:
18 septembre au 3 novembre 2024
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 17h30
