Il ne faut jurer de rien, Alfred de Musset revisité avec bonheur à la Comédie Saint Michel

Il ne faut jurer de rien d’Alfred Musset est adapté à la Comédie Saint Michel dans une mise en scène délibérément comique et actualisée. Tout en conservant l’argument romantique du grand poète du XIXe siècle, Laurent Czerniak y intercale des clowns narrateurs pour une connivence rafraichissante et des rebondissements drolatiques.

Des 21 pièces de théâtre d’Alfred de Musset, Il ne faut jurer de rien est avec On ne badine pas avec l’amour une critique ouverte du mariage par refus de l’amour périssable. Le héros Valentin simule des sentiments pour échapper à l’engagement. Héros dandy et désabusé, il se joue de l’amour pour conserver ses idéaux de pureté. La pièce en 3 actes le voit se présenter à Cécile, celle que son oncle lui destine, pour démontrer que leur union est promise à l’échec. Mais si son attitude s’explique par sa peur de la tromperie féminine, le stratagème se retourne contre lui. L’intrigue accumule les équivoques et les faux-semblants pour une fable optimiste sur l’amour rédempteur. Les personnages de Musset prennent vie dans une bonne humeur réjouissante, mais ce n’est pas tout.

Laurent Czerniak et son acolyte Vanessa Dieu multiplient les apartés pour donner à la pièce une légèreté inattendue. Dans leurs costumes de clowns augustes, ils commentent l’action en temps réel et semblent orienter les deux héros dans les bras l’un de l’autre. Tels des muses modernes transportées au XIXe siècle, ils se jouent des conventions de l’ancien temps pour faire naitre une idylle que tout le public réclame. Nicolas Lemaire et Svetlana Semusheva sont Valentin et Cécile. Les poses hautaines du premier collent parfaitement avec son personnage de dandy arrogant tandis que le charmant accent russe de la seconde séduit par sa badine rafraichissante. La mise en scène est délibérément elliptique pour mettre en avant des acteurs visiblement heureux de déclamer le texte de Musset.

Loin des poses du XIXe siècle, Laurent Czerniak privilégie le divertissement burlesque pour actualiser le texte de Musset aux moeurs du temps présent. La tentative est réussie et captive autant les adultes que les enfants. Quoi de mieux pour découvrir un grand auteur que de le mettre à hauteur de public ?