Jamais contente d’Emilie Deleuze : Aurore, 13 ans, râleuse professionnelle
Mi-ange, mi-démon ? Les enfants ont deux visages mais Aurore n’en a qu’un seul, elle est démoniaque ! Elle n’est qu’en 5ème – pour la seconde fois – mais elle a déjà un métier : râleuse professionnelle, et elle excelle. Au désespoir de ses parents, de ses sœurs et de ses professeurs, elle ne travaille pas, fais la gueule et remet tout en cause.
Jamais contente est une adaptation du livre « Le journal d’Aurore » de Marie Desplechin. L’ouvrage a eu son petit succès auprès des lectrices de 12 à 16 ans à tel point qu’une BD est née en 2016. Maintenant, vient le temps du film. En salle le 11 janvier 2017, c’est Emilie Deleuze qui en a pris les commandes.
Pas facile de scénariser un livre/ journal intime remplit de dates et des pensées désordonnées d’une jeune adolescente en crise. L’histoire devait être cohérente, encadrée et progressive. Et parce qu’ils ont gardé l’esprit du livre mais pas la lettre, c’est une réussite.
Le plaisir d’identification est très jouissif. Aurore est une râleuse je-m’en-foutiste vexante comme on n’a plus le droit de l’être. Et pourtant, qu’est-ce qu’on aimerait avoir ce petit fond de cruauté quelque fois ! Qu’est-ce qu’on aimerait dire les choses en face à notre famille ou à nos supérieurs !
Jamais contente : un film mignon et divertissant
Si, pour les adultes, c’est un régal de l’entendre râler, pour les enfants, c’est un très mauvais exemple. C’est étrange d’ailleurs que les parents ne soient pas concernés par la mauvaise influence qu’Aurore pourrait avoir sur le comportement de leurs progénitures. Elle remet tout le monde à sa place, surtout sa famille, râle pour tout et pour rien, pose des questions ultra-gênantes qui laissent bouche bée, ne parle plus à personne de toute la journée juste parce qu’elle n’est pas d’humeur… Bref, Aurore c’est un petit diable au bon fond. Elle est attachante mais pour les enfants, elle est surtout chiante et le désir d’imitation doit les titiller. Ce serait drôle assurément.
Débordante d’imagination, paumée et décalée, c’est pour ça qu’on l’aime quand même. Plutôt bien interprétée par une nouvelle venue, Léna Magnien, la meilleure prestation du film reste, de loin, celle d’Alex Lutz. Il a du charisme, un style singulier et une douceur qui le font briller dans son rôle de professeur de français attentionné.
Jamais contente est un film mignon et divertissant. Pas très original, un peu superficiel tant on est dans le léger et le second degré mais, on rit et on passe du bon temps. Ce film avait-il d’autres objectifs que celui d’amuser ? Rien de certains. Donc, à ce niveau-là, il est réussi.
En plus, je m’appelle Aurore.
Les profs me haïssent, j’avais une copine mais j’en ai plus, et mes parents rêvent de m’expédier en pension pour se débarrasser de moi.
Je pourrais me réfugier dans mon groupe de rock, si seulement ils ne voulaient pas m’obliger à chanter devant des gens.
A ce point-là de détestation, on devrait me filer une médaille.
Franchement, quelle fille de treize ans est aussi atrocement malheureuse que moi ?
Sortie : le 11 janvier 2017
Durée : 1h29
Réalisateur : Emilie Deleuze
Avec : Léna Magnien, Patricia Mazui, Philippe Duquesne
Genre : Comédie