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La mort de Staline, dans l’intimité de l’horreur d’état

La mort de Staline
La mort de Staline

La mort de Staline, dans l’intimité de l’horreur d’état

La Mort de Staline débute alors que le dictateur tout-puissant vient de trépasser et que les survivants se battent autour de sa dépouille pour récupérer le pouvoir à coup d’intrigues louches et de traquenards pendables. Une galerie de personnages plus vraie que nature s’agite dans une outrance finement calculée, laissant percevoir une intense hypocrisie derrière les sourires de façade. Un vernis historique n’est pas de trop pour mieux cerner les enjeux d’un film qui oscille entre la caricature risible et l’humour noir. Les noms de Nikita Khrouchtchev, Gueorgui Malenkov et Lavrenti Beria rappelleront de doux souvenirs aux nostalgiques de l’Union Soviétique, bien avant le rideau de fer mais déjà en pleine paranoïa. Le réalisateur Armando Iannucci réussit un nouveau coup de force après le déjà mémorable In the Loop en 2009. Il est permis de rire jaune et de s’extasier devant une reconstitution à la fois minutieuse et bouffonne d’un temps que les moins de 20 ans ne connaitront jamais.

Un soviet suprême d’opérette

Le 2 mars 1953 disparaissait le petit Père des peuples, signataire d’un pacte avec le diable en 1939 avant de s’en mordre les doigts en 1941 et de sonner la charge après Stalingrad en 1943 et de finalement sauver la patrie pour devenir le héros de tout un pays. Mais derrière le grand homme de façade se cachait surtout un boucher paranoïaque à l’origine d’exactions diverses, de massacres variés, de famines calculées et de millions de morts. Le film débute alors que Staline exige de recevoir l’enregistrement d’un concert que le directeur de la salle a oublié d’enregistrer. Son empressement à faire rejouer l’oeuvre de Mozart en bloquant les interprètes, convoquant un nouveau chef d’orchestre en robe de chambre et amassant une foule cueillie dans la rue démontre bien l’effroi suscité par un Staline certes vieillissant mais à la tête d’un état qui n’hésitait pas à déporter, violer et assassiner pour juguler toute tentative d’opposition. Beria était le maitre d’oeuvre d’un état policier et liberticide dont la NKVD était le bras armé, harcelant et terrorisant sans cesse la population. Le film montre d’abord le ballet des courtisans pour rester dans les bonnes grâces du tyran avant de manoeuvrer pour récupérer non pas une grosse part du gâteau mais le gâteau tout entier. Les férus d’histoire savent comment la partie s’achève. Beria veut devenir calife à la place du calife mais un procès expéditif entraine sa suppression arbitraire avant que son corps ne soit réduit en cendres pour effacer toute trace. 3 hypothèses courent pour expliquer la marche des évènements, le réalisateur Armando Iannucci en choisit une, pas la moins rocambolesque.

De l’humour noir en stock

La Mort de Staline se déroule dans une perpétuelle sarabande de réflexions macabres ou sexuelles. Les personnages principaux ont beau être à la tête des principaux organes du pays, ils savent pertinemment que leur existence ne tient qu’à un fil ténu et que le chef suprême a droit de vie ou de mort sur chacun d’eux. Libérés du joug despotique, ils ne pensent qu’à récupérer les rênes du pouvoir pour perpétuer son fonctionnement autocratique à leur avantage. Ce qui s’apparente parfois à une bande de bras cassés aux faciès à la limite du ridicule cache en fait une troupe de psychopathes sanguinaires à la liste de méfaits longue comme le bras. La brutalité des réflexions tranche avec une ambiance tantôt florentine et tantôt violente. Steve Buscemi fait un Khrouchtchev aussi peu ressemblant que crédible et Simon Russell Beale figure un Beria au sourire aussi glaçant qu’effrayant. Pour ceux qui s’imaginent vivre actuellement dans une caricature de démocratie, il est bon de rappeler ce qu’est son exact inverse, car de tels fonctionnements existent encore de par le monde et si le film fait rire, il alerte surtout sur le peu de scrupules de dirigeants avides de pouvoir. La Mort de Staline accumule les scènes cultes à travers des discussions révélant la duplicité de personnages loin d’être aussi bouffons qu’ils le paraissent.

La Mort de Staline est une sorte de chef d’oeuvre dans son genre. En convoquant la mémoire d’une URSS écartelée entre l’oppression et la paranoïa, le film fait certes rire mais également trembler. La frontière peut paraitre si fine entre dictature et liberté…

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La mort de Staline

Dans la nuit du 2 mars 1953, un homme se meurt, anéanti par une terrible attaque. Cet homme, dictateur, tyran, tortionnaire, c’est Joseph Staline. Et si chaque membre de sa garde rapprochée – comme Beria, Khrouchtchev ou encore Malenkov – la joue fine, le poste suprême de Secrétaire Général de l’URSS est à portée de main. (Inspiré de faits réels…)

Sortie : le 4 avril 2018
Durée : 1h48
Réalisateur : Armando Iannucci
Avec : Steve BuscemiSimon Russell BealeJeffrey Tambor
Genre : Drame

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NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Réalisation
Jeu des acteurs
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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