La nuit, j’écrirai des soleils, le dernier livre de Boris Cyrulnik (Odile Jacob)
Dans son dernier livre, La nuit, j’écrirai des soleils, Boris Cyrulnik analyse l’écriture. Pas n’importe quelle écriture, celle des grands écrivains. Une analyse fine, absolument pas littéraire, mais psychanalytique. Passionnante.
La souffrance, la douleur avant les mots
Plus l’homme a souffert dans son enfance, plus il a de chance de devenir un grand homme ! D’après Boris Cyrulnik, la plupart des grands écrivains, ont subi un énorme traumatisme tout enfant. Et grâce à cette perte, à cette mort ou à cette séparation, l’enfant deviendra un adulte hors norme. Ces enfants devenus adultes ont eu recours à l’écriture et ont su mettre des mots sur leurs maux. Boris Cyrulnik va encore plus loin en écrivant que les enfants orphelins deviennent souvent de grands auteurs, en utilisant les mots pour combler l’absence.
Plusieurs exemples vrais
Boris Cyrulnik raconte en détail l’histoire de la toute petite enfance de Jean Genet : Il a été abandonné à sept mois et ne s’est jamais remis de cette blessure ancrée en lui. Il a été accueilli par une bonne famille d’accueil mais le mal était inscrit en lui, au plus profond de son être : En fait, Genet, craintif, se réfugiait dans les livres et s’en servait pour se cacher. P.34 . Toute sa vie Genet a commis des larcins, des vols, pour se trouver dans une situation qui l’obligerait à écrire. Et c’est enfermé, en prison, qu’il écrivait !
« C’est dans le noir qu’on espère la lumière, c’est la nuit qu’on écrit des soleils » p.41
Le manque
Boris Cyrulnik écrit encore : Pour ces enfants blessés, les mots sont des bijoux. P.37
Il nous raconte l’enfance de Georges Perec dont les deux parents ont soudain disparu. Sans explication.
Rien à aimer, rien à penser, le vide autour de lui provoque le vide en lui. P.37 […] Ce manque est à l’origine d’une contrainte à la création […] p.38
Boris Cyrulnik donne aussi l’exemple de Victor Hugo qui a écrit de merveilleux poèmes alors qu’il venait de perdre sa fille. « Quand la parole est élaborée et non pas automatique, elle donne une autre forme à la douleur de perdre » P.123
Création d’un autre monde
Boris Cyrulnik explique tout au long de son livre que l’écriture ne guérit point du malheur, ni de la douleur, mais elle permet de créer un monde meilleur où la vie devient supportable.
Son livre, La nuit, j’écrirai des soleils, se lit comme un roman. De nombreux exemples nous expliquent le cheminement intellectuel et littéraire de grands hommes. La nuit, j’écrirai des soleils, comme tous les livres de Boris Cyrulnik, nous rend plus… intelligents !!! Merci Boris Cyrulnik !
Date de parution : Avril 2019
Auteur : Boris Cyrulnik
Editeur : Odile Jacob
Prix : 22,90 €
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