Langueur et représailles dans le formellement sublime The Young Lady
La jeune Katherine (Florence Pugh) est au coeur d’un mariage d’intérêt entre deux familles de l’Angleterre rurale du XIXe siècle. Son avis n’est pas requis lorsqu’elle s’unit à l’héritier de la famille Lester sans amour et sans joie. La candide jouvencelle se retrouve au coeur d’une demeure avec des gens qui ne la connaissent pas et tiennent à la faire se conformer à une vie solitaire et silencieuse. Le début du film tient de la peinture d’époque sans artifices avec un rythme spectral et une absence quasi totale d’intrigue. Mais quand les hommes de la maison partent en voyages d’affaires, la vie reprend ses droits par l’entremise d’un palefrenier aussi séduisant que benêt. William Oldroyd adapte pour son premier film La Lady Macbeth du district de Mtsensk de Nikolaï Leskov dans un ravissement visuel qui accompagne une histoire de passion et de vindicte retorse.
Une belle peinture d’époque
Plusieurs manières d’appréhender The Young Lady. L’esthète du cinéma léché et formellement construit se rappellera les films d’époque aux reproductions tout aussi patiemment échafaudées que celle de William Oldroyd. Les Duellistes de Ridley Scott et Barry Lindon de Stanley Kubrick sont les glorieux ainés d’un film aux images sublimes d’une nature omniprésente et majestueuse. Métaphore de la liberté tant espérée et ravie à l’héroïne, ces images tranchent avec des intérieurs anxiogènes et claustrophobiques. Car Katherine est comme gardée prisonnière dans la demeure froide et lugubre d’une famille de marchands aux moeurs rustres et sombres. Les extérieurs foisonnants tranchent avec des intérieurs à la limite du film d’horreur. Les paroles sont aussi rares que les rires sont absents et l’héroïne se prépare à une longue vie de mortifications muettes. Pourtant la jeune femme n’est pas dénuée d’ambition et de jugeote, ce que montre bien la seconde partie du film. La passion pour un séduisant palefrenier lui fait envisager une véritable vendetta contre ceux qui se mettent en travers de son chemin.
Une femme sans scrupules
La jeune ingénue se change alors en machine à éliminer ses adversaires dans un enchainement aussi tragique qu’irrémédiable. Sans jamais céder aux sirènes de l’action ou de l’artifice, le réalisateur conserve son rythme langoureux pour accumuler les surprises dans la même ambiance ouatée et vaporeuse. La forme du film conserve son éblouissement formel avec ces plans symétriques tout droits hérités de Stanley Kubrick. Et surtout le réalisateur venu du monde du théâtre place le film à hauteur de femme, n’hésitant pas à couper les autres personnages pour mettre l’héroïne au centre de l’action. Certains y verront une ode féministe à une époque où cette philosophie était encore un doux fantasme. L’absence de tête d’affiche connue donne un petit air de téléfilm à ce Young Lady classieux et surprenant porté par le rayonnement de son inflexible héroïne.
Annoncé comme un des chocs cinéma de ce début d’année, The Young Lady ne déçoit pas. La beauté des plans s’additionne à la lente accumulation de coups de théâtre pour un film fascinant dans son cheminement et ses partis pris.
1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.
Sortie : le 12 avril 2017
Durée : 1h29
Réalisateur : William Oldroyd
Avec : Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton
Genre : Drame, Historique, Romance
https://youtu.be/097eOaeAuq0