L’Astronaute part d’un principe simple: il est impossible d’aller dans l’espace sans le soutien d’un état et de ses structures de recherche. Le réalisateur et acteur Nicolas Giraud n’est pas d’accord, son personnage de Jim Desforges n’en démord pas, il veut aller dans l’espace par ses propres moyens, seulement aidé de quelques autres idéalistes aussi barrés que lui. Le film sent les bouts de ficelle, l’artisanat, sans écran vert ni grosses explosions. Tintin va dans la lune depuis la campagne française, et pourquoi pas? Le choix du pitch est fort en poésie et invoque les rêves d’enfants.
L’ultime frontière
Le personnage de Jim est censé être arrivé 3e sur 4500 lors des sélections de 2009 qui ont vu Thomas Pesquet décrocher le gros lot avec un décollage en 2016 vers l’ISS. Doué mais resté sur le tarmac, il ne s’est jamais résolu à ne pas pouvoir décrocher la lune. Il décide donc de construire sa propre fusée pour décoller jusqu’à la zone basse de l’atmosphère. Ingénieur à l’ESA, il récupère des pièces pour assembler son véhicule spatial, un ami chimiste amateur lui fournit le combustible aussi instable que puissant, sa grand-mère habituée aux lubies de son défunt mari le soutient et le personnage fictif de Alexandre Ribbot (Mathieu Kassovitz, censé être le dernier français à avoir navigué dans le cosmos) lui apporte son expertise. Le projet est interdit par la règlementation mondiale, tout le monde risque la prison mais personne ne se décourage. Le projet est fou mais les plus grands explorateurs ou inventeurs ont du se battre pour réaliser leurs rêves. Les Christophe Colomb, Thomas Edison ou Marie Curie n’ont pas eu la partie facile mais y sont arrivés. Jim veut devenir le premier à rejoindre l’espace en amateur, rêve fou mais pas impossible. Le film recherche l’authenticité maximale avec des données précises liées à l’aéronautique et l’aide de Jean-François Clervoy, véritable astronaute et l’aide d’ArianeGroup. Le prix de cette sincérité a été un risque financier énorme pour un projet qui a monopolisé le réalisateur 5 ans, soit à peine moins que les 8 ans du personnage du film pour achever sa fusée. Le personnage s’entraine dans une piscine, à la dure, enchainé lourdement et jeté au fond de l’eau avec un trousseau de 70 clés, dont trois seulement pouvaient ouvrir les cadenas qui l’emprisonnaient pour un stress crédible et réaliste, comme pour les astronautes en mission. Le film n’est pas dans l’espace, il va dans l’espace, nuance. Mathieu Kassovitz a participé bien volontiers, séduit par le réalisme du film, loin du ton de science-fiction habituel mais basé sur une anticipation déjà d’actualité avec les vols réalisés par SpaceX. Jeremy Renier fait une apparition sympathique en policier borné, alors que la fusée est partie, impuissant et impressionné devant la volonté de fer du personnage de Jim.
L’Astronaute est un film qui interroge sur la force de la volonté pour renverser les barrières et réaliser ses rêves. Sa sortie en DVD le 6 juin sera le moyen de le découvrir ou redécouvrir.
Synopsis: Ingénieur en aéronautique chez ArianeGroup, Jim se consacre depuis des années à un projet secret : construire sa propre fusée et accomplir le premier vol spatial habité en amateur. Mais pour réaliser son rêve, il doit apprendre à le partager…