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Le Couronnement de Poppée, de Monteverdi, mise en scène par Bob Wilson, à l’opéra de Paris

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© Andrea Messana

Palais Garnier, Opéra de Paris
du 7 juin au 30 juin

Une nouvelle production de Bob Wilson est toujours un événement attendu tant son univers hypnotique fait naître un nouveau rapport au plateau, décomposant le temps et l’espace jusqu’à tendre à l’intemporalité.

Avec le Couronnement de Poppée, ultime opéra de Monteverdi, Bob Wilson compose une partition parfaite entre son inspiration formelle/abstraite (images, lumières, gestuelle hiératique) et son épure extrême pour l’inscrire dans une dimension métaphysique.

Et quand l’art protéiforme du maître texan s’accorde magistralement au livret composite pour un spectacle total

Intense comédie humaine toute entière déployée à l’exaltation des passions : l’amour adultère triomphant de Poppée et de Néron, l’humiliation douloureuse d’Octavie, la rigueur morale et le stoïcisme de Sénèque sacrifié sur l’autel du désir de l’Empereur, que la vision de Bob Wilson apparente à un songe immobile tout droit sorti du théâtre nô japonais et de son envoutement. Sidérant.

Othon apprend que son amante Poppée lui préfère l’Empereur Néron, lequel s’apprête à répudier Octavie, son épouse légitime, pour faire de sa dulcinée la nouvelle impératrice.  Sénèque, le tuteur de Néron, tente de s’opposer à un tel dessein provoquant les foudres de l’empereur qui réclame et obtient sa mise à mort.  Othon et Octavie décident alors de s’allier pour tuer Poppée, mais cette conspiration est déjouée car le destin des deux êtres aimés s’avère indissociable.

Les deux conspirateurs seront condamnés à l’exil. Néron et Poppée peuvent enfin s’unir…

A l’abri en fond de scène d’un à-plat lumineux sur lequel se projettent différents tons pastel au gré des changements de situation et d’affect des personnages, les décors stylisés propres au vocabulaire « wilsonien » d’inspiration antique apparaissent, se succèdent puis disparaissent.

Le tout orchestré dans un espace mouvant aux lignes géométriques qui ouvre ou ferme la perspective et traduit les enjeux de conquête, de pouvoir, d’ambition, d’amour et de trahison des protagonistes.

D’une unité virtuose, la mise en scène de Bob Wilson s’empare avec un puissant geste pictural des ressorts de la dramaturgie dont les chanteurs/comédiens aux visages fardés de blanc, vêtus de costumes somptueux d’inspiration renaissance : soie grège et velours noir, signés Jacques Reynaud, impriment un jeu millimétré et hiératique.

Le Concerto italiano dirigé par Rinaldo Alessandrini ainsi que les chanteurs sacralisent cette emprise visuelle pour un ressenti indéfinissable avec à la clé de belles individualités.

Et quand l’art protéiforme du maître texan s’accorde magistralement au livret composite pour un spectacle total…

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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