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Le Porteur d’Histoire, mise en scène d’Alexis Michalik, au Studio des Champs Elysées

Le porteur d'histoire

L’Histoire n’est que récit, et le récit n’est lui même qu’une succession d’histoires dont les narrateurs changent au fil des siècles. Les mots ont eux-mêmes une histoire, ils sont portés par des idéologies, des courants de pensée, des périodes qui leur donnent un sens ou un autre.  Le Porteur d’Histoire invite à réfléchir sur les notions de réalité et de fiction du récit. Rappelons-nous les mots de Roland Barthes selon qui « le mythe est une parole ». Dans cette pièce écrite et mise en scène par Alexis Michalik, c’est l’histoire qui devient parole, ou du moins l’objet de multiples paroles qui s’enchevêtrent.

Tout notre passé est une fiction

La pièce débute sur ces mots. Les cinq acteurs, marcel blanc sur pantalon noir, sont assis formant un V, le regard imperceptible. L’un d’entre eux s’exclame « je vais vous raconter une histoire », et tout commence.

Une mère et sa fille ont disparu en Algérie. Elles n’ont laissé aucune trace, leur maison est intacte, et la voiture est même restée à sa place. Personne ne les a vu ou ne sait ce qui a pu leur arriver.  Retour en arrière : dans une nuit pluvieuse, Martin Martin débarque chez Alia et Jeanne (mère et fille) qui tiennent une pension en Algérie. C’est alors qu’il va leur raconter « son histoire », et plus particulièrement le jour où, en 1988, Martin a enterré son père et découvert un mystérieux carnet qui bouleversera toute son existence. Dès lors, la pièce nous embarque dans une explosion totalement intense d’informations, de récits imbriqués les uns dans les autres, et surtout dans un plongeon dans l’histoire de toute époque. On se retrouve près du jeune Alexandre Dumas montant à Paris aux côtés d’une jeune femme héritière de la famille des Saxe de Bourville, puis auprès du non moins célèbre Eugène Delacroix dans sa période orientalisante, ou encore dans les jardins de Marie-Antoinette. Les récits se lient et se délient, regorgent de références historiques et d’aller-retour dans le passé dans un rythme haletant.

La puissance de cette pièce réside aussi bien dans la force historique du texte que dans la qualité indéniable des acteurs. Ils sont cinq à se partager des dizaines de rôles complètement aléatoires : d’un père érudit à un fossoyeur issu d’une famille de bourreaux, d’une adolescente canadienne à Marie-Antoinette, d’Eugène Delacroix à un jeune taulard à la voiture volée, d’une barman de province à l’héritière d’une grande famille de noblesse… Les personnages se succèdent à une vitesse impressionnante sans qu’on puisse réaliser qu’ils sont un même corps.

Antès, Lisistrates, Mechta Layadat, Monte Cristo… Au fond de la scène, sur un tableau noir écrits à la craie, des mots et des dates s’accumulent… Pour ne former plus qu’une seule et même histoire.

Le Porteur d’Histoire
Jusqu’au 29 décembre
Du mardi au samedi à 20h30
Studio des Champs Elysées
15, avenue Montaigne 75008

 

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