©Nathalie Hervieux
Du 10 au 12 juillet 2014 à la Chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon
On célèbre cette année le centenaire de la naissance de Marguerite Duras, que la scène théâtrale met à l’honneur à travers différents spectacles.
L’œuvre de Duras est traversée par une nécessité de se raconter et de se dissimuler. Elle est à la fois inspirée par l’imagination et le témoignage d’une mémoire sélective, filtrée, remodelée par l’érosion du temps.
Dans son théâtre, autant que dans ses romans, l’écrivain ne cesse de retravailler les événements qui l’ont marqué et d’en réinventer les traumatismes.
[pull_quote_center]Deux destins immobiles suspendus dans l’attente d’un rapprochement impossible[/pull_quote_center]
« Le Square » est composé de deux duos où l’enjeu dramatique repose sur la parole durasienne – forte de ses silences et de ses ellipses – qui, respectivement, se joue et se déjoue d’un avenir incertain et d’une mémoire fantomatique
Il met en scène une employée de maison et un représentant de commerce désabusé par la vie qui se rencontrent dans un jardin public.
Ils dissertent sur leur condition et très vite transparait leur profonde solitude ainsi que leur conception opposée de la vie.
Exploitée dans son métier dont elle a horreur, elle cherche à tout pris à se marier en allant danser chaque semaine au bal espérant qu’un prétendant la remarquera. Le colporteur, lui, n’a plus d’espoir depuis longtemps mais revendique cette lucidité car elle lui confère une forme de liberté.
Clotilde Mollet est impressionnante de vérité dans l’expression d’une rancœur intériorisée et la croyance ardente d’un espoir toujours possible tandis que Didier Besace incarne avec justesse et fébrilité cet homme inaccompli et solitaire.
Deux destins immobiles suspendus dans l’attente d’un rapprochement impossible.