Le théâtre confident et humain de Daria Deflorian & Antonio Tagliarini
Si « le ciel n’est pas une toile de fond », la question du réel et sa représentativité qui est au cœur du spectacle de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, est cependant aux prises avec l’imaginaire et son échappatoire entre le visible et l’invisible, l’intérieur et l’extérieur, la réalité et la fiction.
Ce fil rouge donc aussi intense qu’incertain qui relie la fiction au réel est propice à un décalage poétique et sensible de la parole dont la juste distanciation à l’abri d’une mise en scène conceptuelle et abstraite, explore avec singularité la quête d’humanité dans un monde aride.
« A certains moments, nous vous demanderons de fermer les yeux, annonce Daria Deflorian. Vous voudrez bien le faire s’il vous plaît ? ». Le ton est donné avec cet amusement non dissimulé de renforcer le dialogue entre l’espace de représentation et l’espace extérieur où les spectateurs par cette action complice de quelques secondes, établiront le lien entre l’ici et l’ailleurs.
[…] un décalage poétique et sensible […]
Soit seul, soit à plusieurs, les quatre comédiens à la présence habitée : Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, Monica Demuru et Francesco Alberici – habillés en gris ou en noir, sans autre artifice qu’un grand mur mobile anthracite – font exister des histoires concrètes à partir de personnages en situation de fragilité et d’un contexte urbain. Le tout interrogeant notre rapport à l’autre, au monde et donc à soi.
Il est question d’un clochard, d’un vendeur de roses dans un restaurant, de moment de solitude, de chutes, de rencontres et de petits arrangements face à la précarité urbaine.
A la fin du spectacle, des radiateurs en fonte occupent la scène et renvoient dans une belle déclinaison, à une mémoire collective, intime et introspective.
Dates : du 9 au 18 décembre 2016 (en italien surtitré) l Lieu : Ateliers Berthier (Paris)
Auteurs : Daria Deflorian et Antonio Tagliarini