L’envolée poétique de L’Oiseau Bleu au Studio Hebertot
Un personnage aux airs d’anti-héros singulier prend possession de la scène du Studio Hebertot pour invoquer l’esprit rêveur de Prévert et interpréter ses chansons inscrites dans nos esprits pour l’éternité. L’auteur et metteur en scène Catherine Morrisson s’adresse à l’enfant tapi en chacun des spectateurs pour faire sourire et émouvoir dans des monologues accompagnés de délicates notes de piano. Fabrice Bibas commence à égrèner le Clair de Lune de Debussy pour placer Gael Giraudeau dans les meilleures dispositions et amorcer le décollage vers les étoiles.
Une pièce sous de bonnes auspices
L’esprit de Jacques Prévert flotte sur la scène à travers les subtils jeux de mots et les références littéraires qui s’accumulent tout du long. Le comédien Gael Giraudeau distille délicatement ses élocutions, sans hâter sa voix ni élever le niveau sonore. Le ton est presque à la confidence chuchotée à l’oreille et ce n’est que pour s’adresser à cet oiseau imaginaire qu’il se permet des invectives plus bruyantes, comme pour faire entendre ses rêves au-delà de la réalité. Une connivence tranquille s’instaure avec le pianiste Fabrice Bibas quand les notes rythment les monologues et accompagnent les ritournelles extraites du riche répertoire de Prévert. Certains des spectateurs en culottes courtes connaissent très bien les paroles et les chantonnent avec une joie communicative. La scène fait cohabiter le piano et des tissus transparents avec lesquels le comédien joue des scénettes toutes en ombres chinoises pour des illustrations visuelles pleines de sens. Le texte de Catherine Morrisson multiplie les références que les plus grands accueilleront avec enthousiasme, comme par exemple cet extrait de Brel qui fait plaisir.
Du rêve à foison
La pièce offre un vrai vol d’air frais loin des contingences matérielles du quotidien. Ecouter la voix lancinante du comédien pendant plus d’une heure fait décoller dans une galaxie aux frontières du monde du rêve pour un vrai retour en enfance que petits et grands apprécieront tout autant. Les spectateurs du soir hésitaient à applaudir après chaque chanson de peur de couper ce fil de légèreté tissé par l’auteur et entretenu par les deux acolytes sur scène. Clins d’oeil et litanies évoquent le grand méchant loup ou les secrets de ces voyageurs qui brisent les barreaux pour voler dans une quête sans fin du bonheur. Avec l’idée que la vie peut finalement être aussi simple que ça, aussi légère que les artifices inventés par l’esprit afin de s’évader. Ce voyage onirique parle au coeur et à l’esprit et les applaudissements finaux font honneur à cette tentative d’évasion bien trop rare dans nos vies.
Les sourires s’impriment sur les visages de spectateurs ravis du spectacle et de cette lucarne ouverte hors du temps. Cet Oiseau Bleu offre du rêve et donne envie de voyager, de quoi susciter des vocations et réserver sa place pour un prochain spectacle!
Dates : à partir du 6 mai 2017
Lieu : Studio Hebertot (Paris)
Metteur en scène : Catherine Morrisson
Avec : Gaël Giraudeau, Fabrice Bibas