Les Chiens de Navarre en roue libre !
Les Chiens de Navarre ont l’habitude de mordre là où ça fait mal. Cette fois, ils sont en roue libre et en totale improvisation où le public assiste une fois encore, médusé, à l’étrillage qui est l’œuvre. Jubilatoire !
Dans les années 2000, Jean-Christophe Meurisse réunit huit artistes venu du théâtre, de la danse ou encore du cirque, tous partageant une vision d’un théâtre hors-norme et décomplexé, moins élitiste et moins formaté. Ils forment le collectif des Chiens de Navarre, qui s’est peu à peu imposé comme l’une des troupes de comédiens les plus explosives du spectacle vivant. Qu’il s’agisse d’Une raclette en 2008, des Armoires normandes en 2015 ou de Jusque dans vos bras en 2017, leurs créations sont toujours très attendues du public et de la critique. Dans Tout le monde ne peut pas être orphelin, leur dernière pièce, ils dynamitaient à l’envi les relations familiales et l’hypocrisie des conventions sociales.
Une passe d’armes vacharde
Aujourd’hui sur les vingt-huit comédiens qui ont fait l’histoire de la compagnie, une quinzaine, différents chaque soir, sont présents sur scène. Autour d’une table six comédiens se préparent pour une lecture, munis de micros, feuilles blanches, gel hydro-alcoolique et masques chirurgicaux. Derrière eux, une dizaine d’autres sont à vue et prêts à en découdre, devant des accessoires et des costumes de scène à disposition de la passe d’armes vacharde qui s’annonce.
Une embardée donc aussi cathartique que corrosive sur la folie de notre époque et ses travers dont le contexte anxiogène actuel la porte à son paroxysme. Et où les sujets improvisés par les comédiens, qui convoquent différents personnages : gratinés, loufoques ou tout droit sortis de l’actualité, s’inventent sous nos yeux, tout comme la forme que prend la représentation ainsi que sa rupture, et pour se renouveler chaque soir. Le théâtre n’est pas épargné par leur saillie dont ils se moquent des codes et de l’artifice avec l’irrévérence qu’on leur connaît.
Le tout porté par un collectif au taquet, en osmose totale avec cette fuite en avant à l’énergie jusqu’auboutiste et galvanisante, où la satire nous fait plus que jamais nous sentir vivants en cette période si mortifère. Bravo !
Dates : du 16 au 24 octobre 2020 – Lieu :Théâtre des Bouffes du Nord (Paris)
Performance conçue par Jean-Christophe Meurisse