Les gratitudes, un très beau livre de Delphine de Vigan (JC Lattès)
Publik’Art suit avec beaucoup d’intérêt, depuis des années, Delphine de Vigan. Après D’après une histoire vraie, Les loyautés, voilà Les gratitudes, un très beau roman qui nous concerne tous, écrit avec beaucoup d’humanité.
Michka au cœur de l’histoire
Les gratitudes est un roman choral. A tour de rôle, Marie et Jérôme prennent la parole. Et le cœur de leurs pensées est occupé par Michka. Michka est une personne âgée, une vieille dit-elle, qui ne peut plus rester toute seule chez elle. C’est Marie qui l’accompagne dans sa maison de retraite. Rien n’est facile pour Michka. Elle devient un peu aphasique et ne trouve plus ses mots. C’est Jérôme, l’orthophoniste, qui va l’aider à être moins diffuse. Si Michka a du mal à parler, elle n’a pas oublié son passé, son enfance. Et elle a une obsession. Elle doit dire merci à …
Qui est Marie ?
Marie n’a aucun lien de parenté avec Michka. Par le sang. Mais elle a des liens du cœur très profonds. Et Marie veille sur Michka comme si c’était sa grand-mère. Elles se comprennent à demi-mots. Le lecteur comprend au fil des pages la relation extraordinaire entre ses deux femmes. L’auteur pose le problème de la filiation, de la transmission, de la maternité et de la gratitude. Des secrets, des non-dits, des souvenirs plus ou moins lointains, mais toujours présents dans le cœur. Marie et Michka sont liées éternellement, avec élégance, avec reconnaissance. Avec gratitude.
Qui est Jérôme ?
Jérôme travaille dans cette maison de retraite, comme orthophoniste. Il est censé aider Michka à mieux s’exprimer. Son esprit est un peu diffus et elle a tendance à se tromper de mots. Au fil des pages, au fil de leur relation, Jérôme s’attache à cette vieille dame qui a le don de lui poser des questions intimes sur sa propre vie, sur ses propres relations avec son père. Elle appuie là où ça fait mal… Et elle ne lâche rien ! Si elle oublie des mots, elle n’oublie pas l’essentiel. C’est le malade qui s’occupe du soignant ! Un sentiment d’empathie envahit Jérôme quand il se trouve en présence de Michka.
Les gratitudes est un livre tout simple, très beau, émouvant car très vrai ! Comme toujours chez Delphine de Vigan ! On reconnaît son style, sublime ! Un livre écrit avec le cœur qui met les valeurs humaines au cœur de l’histoire. C’est si bon de donner toute sa place à Michka qui arrive au bout de sa route ! Si seulement ça pouvait se passer comme ça dans la vraie vie !
Les gratitudes, notre coup de cœur, assurément !
Et la peur de mourir.
Cela fait partie de mon métier.
Mais ce qui continue de m’étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd’hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c’est la pérennité des douleurs d’enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s’efface pas. »
Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé de la suivre.
Vous me donnez très envie de lire ce livre! la vieillesse m’a rattrapée et le sujet m’est particulièrement sensible…
En revanche je ne commande jamais chez A…N, je préfère aller chez mon « petit libraire » !
Bonne continuation.
Vous avez bien raison !
Très bonne lecture ! Vous ne serez pas déçue !
Très cordialement,
Bénédicte
Je suis toujours surprise et sous le charme quand je lis un livre de Delphine de Vigan. Ce livre, Les gratitudes, m’a un peu ébranlée. Je suis une dame âgée, je me permets donc de dire qu’au tout début de ce livre j’ai été prise de fous rire sans arrêt, j’avais l’impression d’une suite de « gags ». Bien sûr, le sujet est triste à mourir si je puis dire, puisqu’il s’agit du portrait d’une Dame très diminuée et, en ce qui la concerne en fin de vie, pourtant pas si vieille puisque née en 1935 ! C’est infiniment triste et désespérant de voir cette injustice qu’est la déchéance physique et morale humaine. Ce qui est réconfortant c’est le beau témoignage de cette tendresse qui entoure Michka en la personne de Marie et celle de Jérôme. Cela donne à réfléchir et penser aux personnes qui sont seules dans les derniers moments de leurs vies. Je suis triste !
Merci beaucoup Marie-Jeanne pour votre très beau commentaire.