Odéon-Théâtre de l’Europe du 12 septembre au 1 octobre 2017
Julien Gosselin revient avec son adaptation enivrante des particules élémentaires de Michel Houellebecq qui fut la révélation du Festival d’Avignon en 2013. Son inspiration et sa maîtrise du plateau (vidéo en direct, musique live, lumières, adresse face public) se font le prolongement composite et sensible d’une écriture passant du poétique à l’ironie, du social au philosophique, du désenchantement à l’utopie. Une traversée aussi saisissante que poignante.
Une vaste pelouse rectangulaire est livrée aux riffs de la musique électro-rock comme au siège des 10 comédiens (tous excellents) où dans un élan de corps et de mots, ils sont à la fois narrateurs, personnages, musiciens, commentateurs d’une prose aussi crépusculaire que clairvoyante pour décrypter sur près de 50 ans la désintégration sulfureuse du modèle occidental.
« Cette pièce est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XXe siècle. Généralement seul, il fut cependant, de loin en loin, en relation avec d’autres hommes. Il vécut en des temps malheureux et troublés. Le pays qui lui avait donné naissance basculait lentement, mais inéluctablement, dans la zone économique des pays moyen-pauvres ; fréquemment guettés par la misère, les hommes de sa génération passèrent en outre leur vie dans la solitude et l’amertume. Les sentiments d’amour, de tendresse et de fraternité humaine avaient dans une large mesure disparu ; dans leurs rapports mutuels ses contemporains faisaient le plus souvent preuve d’indifférence, voire de cruauté« .
Publié en 1998, le roman raconte le destin croisé de deux demi-frères, nés de parents soixante-huitards irresponsables, que tout oppose à l’exception d’une grande misère affective.
Deux anti-héros donc qui s’apparentent aux deux versants de l’ultra moderne solitude.
Elle interroge aussi avec force à travers différents modes de temporalité et de narration, la tyrannie de l’individualisme, du jeunisme et de la violence d’un système hyper productiviste qui aboutissent à la dégénérescence d’une civilisation. Âmes solitaires errant dans un vide existentiel et qui s’inventent une fausse liberté où à l’instar de particules élémentaires, elles interagissent entre-elles sans jamais pouvoir se relier.
Une vaste pelouse rectangulaire est livrée aux riffs de la musique électro-rock comme au siège des 10 comédiens (tous excellents) où dans un élan de corps et de mots, ils sont à la fois narrateurs, personnages, musiciens, commentateurs d’une prose aussi crépusculaire que clairvoyante pour décrypter sur près de 50 ans la désintégration sulfureuse du modèle occidental.
Un constat toutefois non dénué d’espoir car le spectacle est dédié à l’homme dont la condition demeure profondément dérisoire, immanquablement pathétique mais sensiblement humaine.