L’homme d’argile est le premier film écrit et réalisé par Anaïs Tellenne et le résultat surprend. Le personnage de Raphaël ressemble à un vieil ours solitaire et borgne. Il vit avec sa mère et garde un château délaissé par ses propriétaires. Quand débarque l’héritière Garance, son monde limité s’ouvre et bascule. Il va apprendre à regarder au-delà de son petit univers finir par s’ouvrir.
Un film tout en intériorité
Emmanuelle Devos et Raphaël Thiéry forment un couple unique. Lui est le gardien d’une grande propriété dans le Morvan et elle est l’héritière, leur rencontre multiplie les ambiances mystérieuses pour aboutir à un thriller ambigu. Le rythme des jours inlassablement répétés et tous identiques va être chamboulé par l’arrivée de cette artiste d’art moderne. Surtout que la différence entre le rural et l’urbaine va rapidement générer une fascination réciproque. Tout le film se base sur ces personnages que tout oppose mais qui vont pourtant s’auto alimenter. Si la demeure semble d’abord hantée, la rencontre va accoucher d’une œuvre, statue de l’homme presque difforme et semblable à un quasimodo, elle est son Esmeralda, elle plus belle que lui et réfugiée dans la demeure pour se remettre à créer. Entre eux, ce sont des gestes, des regards, des hésitations, des silences. Mais Raphaël se met à ressentir des sentiments nouveaux, car l’artiste le regarde sans souligner ce qu’il considère comme une difformité disgracieuse. S’il joue du biniou et entretient une relation physique avec la sympathique postière, il veut surtout que le regard du monde change sur sa personne, à commencer par cet œil manquant qu’il veut faire réapparaitre.
Et puis Garance disparait aussi vite qu’elle est apparue, laissant Raphaël métamorphosé mais seul. Le film est vraiment atypique mais se regarde avec fascination, pour une belle histoire de grenouille devenue prince.
Synopsis: Raphaël n’a qu’un œil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine bourgeois. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans la Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Par une nuit d’orage, Garance, l’héritière, revient dans la demeure familiale. Plus rien ne sera plus jamais pareil.