Le duo Charyn-Boucq avait marqué les esprits il y a 25 ans déjà avec La Femme du magicien et Bouche du diable. Le voilà à nouveau sous les projecteurs des amateurs de bonnes BD avec Little Tulip, un album one shot où se déchainent violence et poésie autour d’un tatoueur qui a voué sa vie à sa passion. Un art qui l’a également sauvé et qu’il utilise désormais pour sauver d’autres personnes, en réalisant des portraits robots pour la police….
Date de parution : 7 novembre 2014
Auteurs : Jerome Charyn (scénario), François Boucq (dessin) et Alexandre Boucq (couleurs)
Prix : 16,45 € (88 pages)
Résumé de l’éditeur :
Emprisonné en même temps que ses parents, c’est à l’âge de sept ans que Pavel a découvert l’enfer du goulag. Séparé des siens, il a dû apprendre à survivre seul. Quelques années plus tard, il connaît bien les règles qui régissent son univers: la violence permanente, l’incurie des gardiens, la toute-puissance des chefs de gangs,… Il sait que s’adapter et s’endurcir ne suffisent pas. Grâce à ses talents de tatoueur, il obtient la protection de Kiril la Baleine, le plus cruel des caïds. Mais s’allier avec le diable a toujours un prix…
Le point sur l’album :
Le scénariste américain Jerome Charyn propose dans son récit en flash-back une immersion dans le microcosme impitoyable du goulag sibérien, où notre héros, Little Tulip a grandi séparé de ses parents. Il explique alors : « Ma vie a commencé et pris fin en 1947 » lorsque sa famille est envoyée dans ce camp de criminels où la violence des clans est la seule loi qui vaille. C’est là-bas qu’il apprendra l’art de tatouer. Epouser les formes du corps, les magnifier. Il apprendra aussi à souffrir et nourrira un esprit de vengeance contre ses bourreaux. Vivant aujourd’hui à New York, l’homme considéré comme un maître du dessin est sollicité par la police pour ses croquis hors-normes. Et c’est une enquête douloureuse qui commence, car Little Tulip semble cette fois avoir des difficultés à identifier le criminel… On assiste ainsi à un va-et-viens entre deux époques et deux intrigues distinctes qui vont se rejoindre autour de l’artiste poète et charismatique. Un scénario qui sonne comme un hymne à l’art de dessiner, avec beaucoup de sensibilité malgré toute la violence qu’il met en scène.
Le dessin réaliste de François Boucq est d’une finesse presque virtuose. Son trait est extrêmement précis. L’artiste excelle dans l’art de dessiner des corps difformes, meurtris par la malnutrition des goulags, par le surpoids, ou par les stigmates d’une vie de tatoueur criminel. Un dessin admirable qui fait passer beaucoup d’émotions et de poésie.
Little Tulip est un très bel album de la superbe collection Signé du Lombard. A lire.