Des mots et des notes pour raconter Horowitz, le pianiste du siècle
La Salle Gaveau a connu un moment littéralement hors du temps en accueillant Francis Huster et Claire-Mary Le Guay le samedi 3 février pour aviver le souvenir de Vladimir Horowitz, considéré comme le pianiste le plus emblématique du XXe siècle. Un comédien d’exception accompagné d’une pianiste prodige n’étaient pas de trop pour narrer en mots et en musique l’existence de l’interprète virtuose du Concerto n°1 de Tchaikovsky et ami personnel de Rachmaninoff. De sa naissance en Ukraine jusqu’à sa reconnaissance mondiale en passant par l’exil américain et le long fil de disparitions tragiques qui parcourut sa vie, c’est à une véritable histoire du XXe que se livre l’éblouissant duo plus d’1h30 durant.
Une scène et un piano
La prestigieuse Salle Gaveau avait accueilli Vladimir Horowitz en concert des décennies auparavant, il était donc tout naturel que le spectacle Horowitz le pianiste du siècle s’y tienne. La scène est sobrement meublée, ne contenant qu’un inévitable et majestueux piano noir Steinway & Sons et deux simples sièges. Un écran projette des images de celui que les spécialistes surnommaient respectueusement L’ouragan des steppes. Lorsque Francis Huster et Claire-Marie Le Guay prennent possession des lieux, le public peut enfin se mettre en lévitation. Le célèbre comédien arpente les planches pour évoquer une vie de musique, de passion et de tragédies. Vladimir Gorowitz nait à Kiev en 1903 dans une famille bourgeoise où la musique joue une très grande part. Très tôt initié au clavier, il n’est pas considéré par ses professeurs comme un enfant prodige, son caractère entier, sa ténacité et la chance aussi le feront devenir le Roi des rois parmi les pianistes sous le nom d’Horowitz. Le comédien enchaine anecdotes et souvenirs pour brosser un portrait tout en délicatesse d’un homme torturé, marqué par les drames qui jalonneront sa vie. Si les rencontres avec le chef d’orchestre italien Arturo Toscanini, le compositeur français Maurice Ravel ou le rival et ami Arthur Rubinstein sont narrées avec truculence, ce sont bien des disparitions tragiques qui le laisseront profondément blessé. Frères et soeurs pendant l’avènement de la Russie soviétique, mère adorée, et surtout sa fille Sonia disparue à 40 ans, le génial pianiste cachait-il sa souffrance en se plongeant totalement dans le piano, Francis Huster évoque cette possibilité de sa voix si particulière.
Des interprétations virtuoses
Si le comédien fascine par son récit habité, la pianiste Claire-Marie Le Guay captive par ses interprétations des morceaux les plus emblématiques interprétés en leur temps par Horowitz. Récits et exécutions au clavier alternent avec grâce sans jamais se phagocyter. Et les amoureux de piano ont pu se régaler du jeu tout en subtilité de la pianiste. Schumann, Liszt, Rachmaninoff, Tchaikovsky, Scriabine, Ravel et surtout Chopin, les morceaux transforment le spectacle en voyage dans l’histoire de la musique. Il fallait bien l’adjonction des éléments de concert pour rendre parfaitement honneur à Vladimir Horowitz, Claire-Marie Le Guay s’y prête avec grâce en retranscrivant l’énergie légendaire du pianiste sur la scène de la Salle Gaveau. Pendant que des images d’un Horowitz de plus en plus âgé défilent derrière la scène, révélant notamment ses mains immenses capables comme celles de Liszt de couvrir 12 notes blanches,
Horowitz, le pianiste du siècle est une merveille de spectacle musical, de ceux dont les mots font rêver et les mélodies décoller. Les fanatique de piano repenseront à tous ces compositeurs connus magnifiés sous les doigts de diamant du grand Vladimir. Espérons que ce spectacle soit repris pour pus de dates à travers la France!
Dates : 3 février 2018
Lieu : Salle Gaveau (Paris)
Metteur en scène : Steve Suissa
Avec : Francis Huster, Claire-Marie Le Guay
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